Pavillon du Parc : “Réhabilitation exemplaire”

Le projet de Youse

Le promoteur lyonnais Youse, associé à la fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand, La Fabuleuse cantine et la Maison Gutenberg a été désigné pour réhabiliter le Chalet du Parc de la Tête d’Or. Un dossier emblématique. Les explications de Sébastien Lapendry, co-fondateur de Youse. Par Maud Guillot

Sébastien Lapendry

Comment vous êtes-vous retrouvé candidat dans ce dossier  ?
Sébastien Lapendry  : Par hasard  ! Je n’avais pas vu sortir l’appel d’offres sur le chalet que je connaissais un peu, comme tous les Lyonnais qui se baladent au Parc de la Tête d’Or… J’ai été contacté par la Formidable Armada, qui accompagne des opérateurs comme nous dans la programmation des usages des bâtiments. Agnès, un des cofondatrices m’a parlé d’un restaurateur qui était sur un créneau particulier, l’alimentation durable avec zéro déchet et zéro gaspi  : la Fabuleuse cantine, qui compte plusieurs établissements. Il voulait candidater mais ne pouvait pas le faire seul.

Vous vous êtes associés  ?
On a cheminé ensemble, conscients qu’on ne pourrait pas faire 1 700 m2 de restos. Il fallait trouver des partenaires. Par l’entremise d’autres contacts, j’ai rencontré au printemps dernier GoodPlanet, dont le cœur de métier est la sensibilisation à la transition écologique, notamment au Domaine de Longchamp. Or, cet aspect était inscrit dans le cahier des charges de la Ville de Lyon. La Fondation était intéressée mais comme elle n’était pas spécialiste de l’immobilier et que la rénovation était de plusieurs millions d’euros, elle cherchait un professionnel qui puisse piloter le projet. 

Et la Maison Gutenberg  ?
Ce sont des initiateurs de projets artistiques engagés avec la Taverne Gutenberg à Lyon 3e, la Halle Debourg dans le 7e… On avait déjà travaillé avec eux. Ils défendent la transition écologique par l’art et sont très bien implantés dans la scène artistique locale. La complémentarité avec les autres acteurs était évidente. On s’est tous rencontrés. Youse est le chef d’orchestre pour concevoir le projet immobilier autour des objectifs d’exploitation de chacun.

Le fait que Yann Arthus-Bertrand, proche des écologistes, préside GoodPlanet, ça vous a aidé…
On a plutôt dû lutter contre cette image de proximité avec l’exécutif local… Des articles assez durs sont sortis rapidement. On entendait qu’on avait gagné d’avance. Or, nous, Youse, on n’est jamais aussi bons que quand on est challengers. Ce qui est le cas la plupart du temps car on est de taille modeste. On arrive avec des propositions surprenantes face à des grands groupes. Là, ça nous a un peu déstabilisés. Tout le monde était au courant du contenu de notre projet. D’ailleurs, Yann Arthus-Bertrand répondait volontiers aux interviews.

Mais s’est-il vraiment impliqué dans le projet  ?
Oui. Il a été très présent dans les moments structurants. Il a rencontré toute notre équipe à Lyon. Il était présent à l’oral. Il est accompagné d’une équipe très complète et compétente.

Quel est le contenu de votre projet pour le Chalet du Parc  ?
Le bâtiment de 1 700 m2, vacant depuis 2013, va compter 600 m² dédiés au restaurant “antigaspi” qui pourra accueillir 140 à 200 personnes selon les saisons. C’est un projet d’innovation sociale, la gamme de prix sera abordable. Il y aura aussi 550 m² consacrés aux expositions entièrement gratuits. Un espace de 200 m2 permettra d’accueillir la scène artistique émergente au rez-de-chaussée sous la coordination de Maison Gutenberg. La Fondation Good Planet proposera au premier étage un espace de sensibilisation autour des thèmes de l’alimentation, de la biodiversité, du climat et de l’énergie, de l’eau. Enfin, on comptera 440 m² pour des espaces de conférences et de séminaires.

Mais quel est le modèle économique  ?
Le restaurant va fonctionner comme n’importe quelle entreprise. La Fondation a, elle, des missions d’intérêt général. Mais les espaces de travail seront privatisables et louables. Ce qui produira des revenus commerciaux.

Quelles sont les exigences pour cette réhabilitation qui promeut l’écologie  ?
Elle doit être exemplaire. La conception architecturale est assurée par LFA et Charlotte Vergély, architecte du patrimoine. L’objectif est d’aboutir à un bâtiment à faible impact carbone, notamment en conservant un maximum d’éléments du bâtiment existant. L’accent est également mis sur le recours à des matériaux biosourcés  : murs rideaux en bois, cloisons en terre crue, isolants en laine de bois ou en liège… On a dû faire face à des contraintes techniques : ce bâtiment est baigné de lumière. Ça le met en relation intime avec le paysage mais cela pose un problème thermique pour le confort d’été. Il va falloir passer par le triple vitrage. Le toit qui aurait pu devenir un rooftop sera réservé à la pédagogie pour les enfants, avec un nid d’aigle et un panorama sur la canopée.

Et sur le plan énergétique sachant que le bâtiment date de 1964  ?
Des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques en toiture permettront de produire un niveau d’électricité supérieur à la consommation du bâtiment, avec une production d’énergie solaire annuelle de 148 Mwh. Le projet permettra d’atteindre le label BBCA rénovation et EnerPHit (label maison passive). On va travailler avec InovaYa pour le traitement de l’eau : le bâtiment va restituer plus d’eau potable qu’il n’en consommera. Le bâtiment doit être démonstratif sur cet aspect car cela fait partie de la sensibilisation.

Quelles sont les prochaines étapes  ?
On va signer une promesse de bail emphytéotique pour une durée de 50 ans au printemps 2023, puis on va déposer le permis de construire dont l’instruction est plutôt longue car l’établissement va accueillir du public. On espère commencer les travaux fin 2024. Le coût est estimé à 4,4 millions d’euros.

Qui finance  ?
Youse est minoritaire dans le tour de table. Il y a surtout Evolem, le fonds d’investissement de Bruno Rousset, le fondateur d’April. C’est un partenaire de premier rang. La Banque des territoires est également présente. Ce qui garantit le sérieux de notre projet.

Atypique
Youse a été fondé en 2017 par Sébastien Lapendry et Alain Barbier. Les deux associés ont travaillé presque 10 ans ensemble au sein du promoteur immobilier Duval. Leur objectif : développer des projets urbains mixtes en renforçant la dimension collaborative mais aussi servicielle pour les quartiers dans lesquels ils s’implantent. Leur première opération, Epure, a été développée au sein de la ZAC des Girondins dans le 7e arrondissement sur un tènement appartenant au Diocèse de Lyon. Autre projet en cours : la Villa Monnoyer, une propriété d’exception du XIXe siècle dans un jardin clos de 5 000 m2, dans le 3e arrondissement. Youse a aussi remporté une consultation publique à l’initiative de la Ville de Grenoble et la SEM Innovia son aménageur, pour la réalisation d’un projet immobilier mixte situé au coeur de la Presqu’île Scientifique de Grenoble, baptisé “People Connect”. Enfin, cette PME gère l’important projet de la All In Academy, à Décines, près du Groupama Stadium, mené par Jo-Wilfried Tsonga et Thierry Ascione.

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