Mag2lyon vous propose de longer la Saône jusqu’à l’Ile barbe et de découvrir au musée Couty l’exposition Claude Venard et les forces de ses toiles colorées du mercredi au dimanche jusqu’au 4 mai. Par Agnès Benoist
« La première fois que j’ai vu les tableaux de Claude Venard, j’étais presque choquée par la rigueur de la construction, le jeu des proximités des couleurs primaires » raconte Lydia Harambourg, historienne de l’art, lors de l’inauguration de l’exposition du peintre au musée Jean Couty. Jean Couty, adorait la palette de couleurs de Claude Venard. C’est en effet dans le bel espace du musée du 9e, un vrai festival de bleus profonds de verts, de jaunes criards soutenus de beaux gris qui rompt avec la morosité de cet hiver qui n’en finit pas. Des couleurs soutenues par un sens aigu des volumes. On en ressort rasséréné. Les couleurs s’entrechoquent avec bonheur sur ces toiles. Leurs aplats participent de la définition des espaces. Héritier du post cubisme, il peint comme eux, et fait très vite le choix des sujets figuratifs. Sans changer de ligne jusqu’à sa mort en 1999. « La peinture c’est du travail » disait-il.
Moins connu que Picasso, Cézanne ou Matisse, il se situe dans leur ombre avec constance. Il a traversé le XXe siècle en peintre moderne, épris de progrès et d’espoir. Après des études aux Arts Appliqués il a été restaurateur au Louvre où il a appris à décomposer à loisir les toiles des grands maîtres. Il a appartenu au mouvement artistique des Forces nouvelles créé en 1935 par le critique d’art et peintre Henri Héraut, en opposition à l’impressionnisme au cubisme et à l’abstraction, prônant le retour au sujet. Il fait partie de la 2e
exposition du groupe Nouvelle génération en 1938 avec, notamment, Pierre Tal Coat.
Ses sujets favoris : des intérieurs, des extérieurs ou des objets plus insolites. L’on affectionne particulièrement ses paysages : Paris vu des toits, la Bretagne qu’il connaît bien. Il sait tirer parti des volumes d’architecture comme de ceux de la modernité. Sa lumière est irréelle, elle participe de la construction de la toile. On reconnait cette force dans l’originalité de ses peintures d’avion, locomotives et autres engins de la modernité. Elles ne sont pas sans rappeler Fernand Leger. Coté intérieur, c’est Matisse avec lequel il partage le même sens du « volume coloré ». Rares sont les personnages dans ses toiles. Mais il y en a comme ses belles colombines, un beau nu aux tons ocres.
Toute sa vie, il n’a fait que peindre dans son atelier, du soir au matin témoignait sa femme et sa fille lors de l’inauguration de l’exposition. Ce sont elles, avec le concours de la galerie Estades, qui ont choisi les œuvres exposées à Lyon.
Claude Venard, exposition au musée Jean Couty, ouvert du mercredi au dimanche de 11 heures à 18 heures, 1 place Henri Barbusse, Lyon 9e, jusqu’au 4 mai 2025. Plein tarif 6 euros, tarif réduit 4 euros.