Cette militante écologiste de 27 ans a repris une circonscription électorale aux macronistes. Soutenue par Grégory Doucet, elle confirme l’implantation d’EELV à Lyon. Elle représente aussi un certain renouveau politique issu de la “génération climat.”
Née à Vernon en Normandie d’un père journaliste à l’AFP et d’une mère secrétaire d’ambassade, Marie-Charlotte Garin a grandi à Chypre puis en Ardèche jusqu’à ses 17 ans. Diplômée d’un Master en développement international délivré par Sciences Po Paris qui la mènera notamment à Boston, aux États-Unis, elle commence par changer son mode de vie.Végétalienne un temps, redevenue végétarienne, elle fait tout pour atteindre le zéro déchet et achète en seconde main. Elle limite aussi ses déplacements “de manière raisonnée”. Un objectif qu’elle reconnaît difficile quand on a vécu une partie de sa vie à l’étranger. “J’essaye d’appliquer tout ce qu’on peut faire quand on est conscient des enjeux climatiques. J’ai d’abord arrêté de prendre l’avion pour mes vacances mais aucun écologiste n’est parfait ! Je ne blâme personne. On a chacun nos failles. L’important est d’être conscient de son impact”, ajoute la jeune écologiste. À un moment donné, ses efforts lui semblent insuffisants pour changer le monde. “Je voulais m’engager dans l’écologie politique car j’étais arrivée au maximum de mes petits pas individuels. Mais je me méfiais beaucoup des partis politiques”, précise Marie-Charlotte Garin.
Recrutée en septembre 2018 par Handicap International pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes envers les femmes en situation de handicap, elle arrive à Lyon et rencontre Grégory Doucet, lui-même cadre dans cette ONG. Le courant passe. Du coup, elle surmonte ses réticences et participe à la campagne EELV pour les européennes de 2019 puis à la campagne victorieuse aux élections municipales de 2020. “Je me suis investie de manière désintéressée car je pensais poursuivre mon parcours international et partir dans une ONG à l’étranger. Mais on a gagné !” Elle change alors d’orientation professionnelle et devient collaboratrice du groupe politique écologiste à la Ville de Lyon puis directrice de cabinet de Nadine Georgel, maire du 5e arrondissement de Lyon.
Coresponsable de la Commission féministe nationale d’EELV, elle participe à la formation des candidates de son parti aux élections. “Pour leur donner confiance et leur apporter les compétences qu’elles souhaitent acquérir.” Constatant que sa génération est très peu représentée à l’Assemblée nationale, elle commence à réfléchir à se présenter. “On doit être 5 % de moins de 35 ans à l’Assemblée nationale et au 3/4, ce sont des hommes”, diagnostique-t-elle. Elle va affronter cinq autres candidats pour être désignée candidate par EELV dans la 3e circonscription de Lyon. “Ces primaires internes peuvent diviser une formation mais cela s’est bien passé. On est tous restés fidèles à la ligne adoptée pour les élections municipales de 2020, propres et droits, ligne qu’on a maintenue pour ces législatives”, assure Marie-Charlotte Garin qui annonçait début avril une campagne électorale “sérieuse et joyeuse.”
Baskets et polémique
Brillamment élue, elle est restée fidèle à ses convictions féministes. Le premier jour à l’Assemblée nationale, le 28 juin, elle est venue habillée de la fameuse robe qui avait valu à Cécile Duflot des remarques machistes le 17 juillet 2012. Ce jour-là, elle intervenait à l’Assemblée nationale en tant que ministre du Logement suite à la question d’un député sur le Grand Paris. “Cet épisode de la robe de Cécile Duflot m’avait marquée et il revenait aussi très souvent au cours de formations que je donnais”, raconte la députée. Cette tenue a de nouveau fait sensation 10 ans plus tard, au point de surprendre Marie-Charlotte Garin pourtant consciente du symbole. Elle avait réfléchi à cette action il y a déjà quelques mois et Cécile Duflot a accepté de lui prêter trois semaines avant l’élection. “Il serait normal que cette robe suscite beaucoup moins de remarques aujourd’hui. Si je l’ai fait, c’est pour poser la question du corps de la femme en politique mais aussi des violences contre les femmes en dehors de l’hémicycle. J’ai aussi posé la question de la présence de Damien Abad au Gouvernement”, analyse Marie-Charlotte Garin. Elle-même a été insultée sur les réseaux sociaux pour cette robe mais aussi ses baskets. “Certains se sont offusqué que j’en porte à l’Assemblée nationale. Cela permet de mesurer la marge de progression sur ces sujets-là !”, relève- t-elle sobrement.
Ses premières impressions après son entrée dans l’Hémicycle? “Il y a un principe de réalisme quand on arrive à l’Assemblée nationale. Par exemple l’article 45 de la constitution de 1958 qui limite les amendements qu’on peut déposer car il interdit toute proposition qui créerait une nouvelle charge sur les finances de l’État. Cette logique institutionnelle, je la respecte. Même avec beaucoup de volonté politique, tout ne peut pas se faire aussi rapidement qu’on le souhaite. C’est un principe de réalisme politique”, résume la jeune élue souvent décrite dans la presse comme “une bonne élève”. En revanche, elle s’inquiète du risque de se déconnecter du terrain. “Il ne faut pas s’enfermer à l’Assemblée nationale. Je ne vais pas dire que je me sens parfois en cage mais il y a presque de ça ! C’est très particulier comme milieu. Il ne faut jamais oublier que ce n’est pas la vraie vie.”
Engagée à la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, la Lyonnaise veut lutter contre les discriminations et se mobiliser pour les services publics. “Notamment les métiers du soin largement féminisés et insuffisamment valorisés”, annonce Marie-Charlotte Garin qui “veut faire systématiquement le lien entre justice sociale et justice climatique, avec une approche systémique pour tenir compte des limites planétaires.” Premier combat: la loi sur le financement de la Sécurité Sociale à l’automne.
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