Festival utopistes : 
Jeux de pistes 


Pour sa 7e édition, le festival de cirque des Utopistes dure un mois jusqu’au 21 juin sur seize lieux partenaires, et deux chapiteaux dans le parc de Parilly pour mieux dévoiler les multiples possibilités du cirque. Et le résultat d’un maillage de onze années dans la métropole de la cie Mpta et du projet de Cité des arts. A vos agrès !

Les deux chapiteaux blancs et bleus dressent fièrement leurs silhouettes pointues propices aux imaginaires enfantins dans le ciel bleu du parc de Parilly, côté Vénissieux. Le plus grand de 32 mètres de diamètre, pour une piste de 13 mètres sera lieu de représentation pendant le festival. Avec une jauge augmentée de 470 places. Mais, il abrite aussi quatre résidences d’artistes circassiennes successives. Avant démontage, en juillet, il accueillera des colonies artistiques. Il a servi aussi en amont de lieu de formation montage et démontage de chapiteau dans le cadre d’une convention avec le centre national des arts du cirque CNAC qui a prêté la tente.
Un prélude symbolique qui montre la force des maillages réalisés depuis la naissance d’un projet de Cité des arts du cirque qui entend consolider toute la filière. Si le festival est une figure de proue, les acteurs du projet et son directeur Mathurin Bolze, directeur artistique de la cie Mpta, œuvrent à consolider les liens entre l’ensemble de la filière, formation, création et lieux de répétitions et de représentations. Le festival prend en tout cas de l’ampleur depuis ses débuts au seul théâtre des Célestins. Il est désormais dans seize lieux partenaires et se fait fort de présenter non seulement des spectacles aboutis dans les grandes salles lyonnaises du Tnp à la maison de la danse, mais aussi des résultats de recherches, des étapes de créations sous chapiteaux et en plein air. Avec une grande soirée d’ouverture gratuite sur réservation à Parilly le 24 mai.
On y retrouvera Inbal Benhaim fidèle du festival qui présentera une ébauche d’Anitya l’impermanence, on l’on retrouve la dimension très plastique de son travail avec la question du tricotage après le pli de papier toujours avec son agrés de prédilection la corde lisse et pleins d’écoles et jeunes artistes circassiens invités. « C’est une chose intéressante de travailler sous chapiteau. On n’a pas forcément l’habitude de se confronter au circulaire à l’école, ils font des frontales. On est content d’avoir des spectacles sous chapiteaux, en salle et en extérieur afin de montrer la diversité des espaces de représentation «  explique Mathilde Favier directrice adjointe
L’esprit du festival des Utopistes c’est de permettre la rencontre avec le cirque sous tous ses agrés : corde lisse, roue Cyr, jonglage, trapèze, sol… et dans tous ses espaces.


Une sélection MAG2LYON tout de même : les deux spectacles en partenariats avec les nuits de Fourvière : le cirque queer sous chapiteau au théâtre de la croix rousse du 12 au 20 juin et la reprise de Qui Som de Baro d’Evel aux fidèles Célestins. On recommande la dernière création de Mathurin Bolze, Immaqaa à la maison de la danse (voir ci-contre) du 3 au 6 juin. On a envie de suivre du 22 au 24 mai aux Subsistances la transcription circulaire de l’expérience douloureuse dans un centre de désintoxication de l’argentinJulio Ignacio , Cie 7bis au moyen de sa roue Cyr, de 15 kilos et trois mètres de diamètres sur lequel il embarque une caméra pour mieux immerger le spectateur au cœur du maniement de cet agré imposant. C’est impressionnant. Le TNG de Vaise qui a réouvert ses portes de façon festive après travaux accueille l’inclassable Camille Boitel du 5 au 7 juin. Cette fois, il joue avec la pesanteur dans Le poids des choses.
Le festival donne accès aux arts du cirque en création avec un plateau émergent le 7 juin ou l’on verra une étape de travail de l’acrobate Louise Hardouin, diplômée de l’Académie Fratellini que l’on a rencontré lors de sa résidence sous chapiteau à Parilly en amont. Dans un costume blanc qui accroche la lumière et bruisse de mille froufrous, Louise déroule son corps de façon léthargique, travaille sur l’organique au sol, pour un final plus acrobatique sous percussions. La version finale de sa première création n’existera qu’au printemps 2026, mais elle donnera une ébauche de création. Selon elle « la gestuelle de cirque, sa discipline l’accro dance, est différent de la danse car le rapport d’énergie et de fulgurance est très différent en acrobatie ».
Alors plongeons vite dans cette 7e édition dans les propositions des Utopistes, avec des séances gratuites à Oullins, sur le parvis du musée des confluences, les numéros de sortie d’école des Promos du CNAC, ou en format spectacle pour des temps partagés en famille, des stages pour les ados. Après ces quelques pistes il n’y a plus qu’à entrer dans le cercle. 
 
Tout le programme sur utopistes-ciac.fr, du 22 mai au 21 juin.

 

Sur le fil de la banquise
Entretien avec Mathurin Bolze

A quelques jours de l’ouverture du Festival où en est-on en ces temps incertains, -d’annonces de repli des collectivités et de l’Etat – du projet de cité des arts du Cirque dans le cadre du Pôle national des arts du cirque ? 


Mathurin Bolze : On se doit de continuer billes en tête notre projet. Nous essayons années après années de cranter autant de choses qu’on peut mettre à notre actif. Le festival en est à sa septième édition, le chapiteau est une manière de rassembler des spectateurs. Depuis 2011, on n’a jamais être aussi proche de l’arrivée, mais le contexte est plus fragile que jamais. On a plus qu’à espérer. On coconstruit la future cité avec la ville de Vénissieux, la Métropole et l’Etat dont l’envie est intacte, mais les moyens sont impactés par la crise. La région a un peu baissé les subventions de 10 000 euros, à ce jour pour la seule Cie. A ce stade nous avançons. Le concours est lancé et l’architecte de la Cité internationale des arts du cirque doit être choisi à l’automne.

Qu’est ce que le cirque dit au monde d’aujourd’hui au spectateur ? 

L’ idée du cirque c’est sa simplicité et sa complexité mêlée. Il y a une notion d’entraide, de soutien, de solidarité qui s’incarne sur scène entre les circassiens. On se met littéralement « la tête à l’envers « au bord du gouffre «, « sur le fil » « sens dessus de sous ». Le spectateur va comprendre immédiatement les enjeux de dextérité, de puissance et l’engagement de l’acrobate, il y a transmission du risque de la peur. Les neurones miroirs fonctionnent à plein.  Il y a une vérité physique de l’engagement de l’artiste qui peut se doubler ensuite d’une construction intellectuelle. Le cirque compose aussi avec tous les corps. Chaque particularité est l’enjeu de quelque chose qui nous singularise : on peut devenir contorsionniste, jongleur, selon nos aptitudes.
Il y a un esprit commun mais mille pratiques possibles. Le cirque continue de déployer du sens en en jeu avec l’époque. Le cirque est en lien avec le hip hop, l’électro, les musiques baroques, tous les arts peuvent être convoqués.
Avec votre dernière création Immaqaa, ici peut être sera du 3 au 6 juin à la maison de la danse, où nous emmenez-vous?
C’est un projet sur lequel je travaille depuis longtemps. Cela part de lectures, de la notion de page blanche dans la continuité de la création Les hauts plateaux… On est allé explorer dans le Nord, le sol mouvant de la banquise … 
La banquise peut être lisse ou fracassée c’est un sol mouvant. L’incertitude de la glace est une métaphore de notre état du monde. Le sujet de la pièce a été rejoint par l’actualité et les velléités de Trump sur le Groenland… ce n’est pas traité en frontal.
Vous êtes partis un sur la banquise qu’en avez-vous ramené pour Immaka ?
Nous sommes restés un mois. Nous avons choisi un village inuit ou ses habitants composent entre modernité et tradition. Alors que certains ont basculé irrémédiablement dans la modernité.
On a pris des notes, des sons. Leurs histoires et aventures ont nourri l’imaginaires des acrobates au travail mais le spectacle n’est pas documentaire, c’est notre invention. Comment bâtir un rapport humain ? On s’y applique dans la traversée du spectacle avec huit acrobates et 2 techniciens qui sont à l’image des scientifiques des bases antarctiques.

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