Aulas : premier meeting

Jean-Michel Aulas a officialisé sa candidature aux élections municipales de 2026, vendredi 26 septembre, lors d’un premier meeting organisé au H7, à la Confluence. L’occasion d’afficher ses soutiens et ses priorités. Il a annoncé que s’il était élu, il organiserait un référendum par an pour consulter les Lyonnais sur des questions importantes. Premier sujet  : la sécurité. Par Lionel Favrot

—–LE MEETING

“Je ne vais pas faire durer le suspens. Il est grand temps de vous le déclarer en priorité, puisque vous êtes là pour ça, chères Lyonnaises, chers Lyonnais, mes chers amis, oui, nous allons nous porter candidats pour reprendre ensemble notre destin en main.”
Cette déclaration de Jean-Michel Aulas résume bien sa démarche : rassembler pour écarter les écologistes et leurs alliés.
Le “narratif” de sa campagne est déjà en place depuis quelques mois : leur victoire en 2020 serait un accident et son élection comme maire de Lyon permettrait de renouer avec le “vrai” Lyon. Ce n’est pas par hasard que Jean-Michel Aulas a souligné cet été les origines parisiennes de Grégory Doucet, entraînant une vive réplique des proches du maire écologiste de Lyon.
Son clip de campagne est construit selon le même principe. On y voit l’ancien patron de Cegid déambuler dans Lyon et s’arrêter notamment devant la représentation de Bernard Lacombe sur le fameux “Mur des Lyonnais”. Décédé cet été, l’ancien joueur de l’OL devenu dirigeant de ce club après sa reprise par Jean-Michel Aulas à la fin des années 1980, est une des figures lyonnaises de ce mur peint. D’ailleurs, on voit dans ce clip, quelques images des fêtes célébrant les victoires de l’OL pour associer sa candidature à un glorieux passé. Evidemment, le contexte politique actuel n’est plus le même à Lyon qu’à l’époque des premières places de l’OL en France ou en Europe, de 2001 à 2012 (voir “rapports de force“ en fin d’article).
Coeur lyonnais
Jean-Michel Aulas veut dépasser les partis et il a choisi de rassembler derrière une nouvelle marque “Coeur Lyonnais”. Il a quand même pris soin de s’assurer des soutiens d’un large éventail de formations politiques. Ce qui a donné lieu à plusieurs faux départs depuis qu’il a révélé ses ambitions début 2025. L’ancien président de l’OL a justifié publiquement ce délai par sa volonté de convaincre ses proches, notamment sa compagne, Ludivine Sapin, administratrice judiciaire, mais c’est aussi le résultat de longs mois de négociations. Parfois menées par lui-même, d’autres fois par Roman Abreu, fondateur de l’agence 2017 à qui Jean-Michel Aulas a confié sa communication politique. L’un et l’autre ont donné le sentiment à leurs interlocuteurs qu’ils n’avaient pas encore tous les codes de la politique, ce qu’il a reconnu lui-même au meeting mais avec une pointe d’ironie, présentant plutôt cela comme un avantage.
En tout cas, Jean-Michel Aulas a attendu de rassembler ce qui s’apparente au niveau national, au “socle commun” qui soutient Emmanuel Macron. « Les idées d’Emmanuel Macron en 2017 me paraissent encore d’actualité”, a-t-il d’ailleurs déclaré dans l’Express cette semaine. Le premier rang de son meeting de vendredi était quasiment entièrement occupé par des représentants de ces partis politiques qu’il souhaite dépasser. Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement, qui a ouvert les discours, l’élue LR Béatrice de Montille, Romain Billard élu LR du 6e arrondissement, mais aussi les maires LR de la Métropole : Gilles Gascon (Saint-Priest), Pascal Charmot (Tassin-la-Demi-Lune), Christophe Quiniou (Meyzieu), Sébastien Michel (Ecully), Veronique Sarselli (Sainte-Foy-lès-Lyon)… Sans oublier Dominique Nachury ancienne députée LR (2012-2017), le sénateur LR Etienne Blanc et le ministre LR François-Noël Buffet ancien sénateur-maire d’Oullins.
Jean-Michel Aulas a également le soutien d’Horizon avec Emmanuel Hamelin, ancien député LR (2002-2007) qui a rejoint le parti d’Edouard Philippe, Alexandre Vincendet, un autre ancien député LR (2022-2024) qui a retrouvé son poste de maire de Rillieux-la-Pape. L’UDI était représenté par Christophe Geourjon conseiller régional et Max Vincent maire de Limonest de même que le Modem avec la présence de François-Xavier Pénicaud. Derniers ralliés : les macronistes avec Thomas Rudigoz, ancien député En Marche (2017-2022), Yann Cucherat le champion olympique qui portait les couleurs des macronistes aux élections municipales de 2020 et Sarah Peillon cheffe de file lyonnaise de Renaissance. Tout proche de la scène, on retrouvait d’autres figures politiques de la droite lyonnaise : Michel Noir ancien maire de Lyon (1989-1995), Marc Fraysse ancien député de Villeurbanne (1995-1997), André Soulier, adjoint centriste de Raymond Barre de 1995 à 2001, ancien député européen (1992-1999). A ses côtés Samuel Soulier, son petit-fils, qui a pris la tête du mouvement de jeunes “Génération Aulas”.
Société civile
Côté société civile, des personnalités déjà engagées auprès de Gérard Collomb étaient là comme Karine Dognin-Sauze, ancienne vice-présidente de la Métropole sous Gérard Collomb, Évelyne Haguenauer ex-adjointe de Gérard Collomb, le chef cuisinier Christophe Marguin, président des Toques Blanches, ou encore Patrick Bertrand qui dirige Holnest le “family office” de la famille Aulas.
Jean-Michel Aulas a lui-même fait clairement référence à son expérience de chef d’entreprise pendant son discours. D’ailleurs, plusieurs figures du monde économique se sont affichés à ses côtés comme Emmanuel Imberton, ancien Président de la CCI, Francis Thomine directeur de général de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, qui était devenu actionnaire de la Cegid, l’entreprise de logiciel professionnel pour la comptabilitée fondé et dirigée par Jean-Michel Aulas, Thierry Gardon ancien président du Tribunal de Commerce, Jean-Michel Lavorel, qui a créé, après la vente de son entreprise LVL Médical, un groupe d’hôtels de luxe du Beaujolais à Courchevel en passant par Lyon, Marc-Antoine Ginon fils d’Olivier Ginon patron de GL Events et président du LOU rugby, Gilbert Giorgi très présent dans l’immobilier, Stefan Blanchet, qui exploite les Puces du Canal, le chef Grégory Cuilleron…
Un référendum par an
“La sécurité et la culture seront mes deux priorités”, a annoncé Jean-Michel Aulas, mais c’est avant tout le thème de la sécurité qu’il a développé lors ce premier meeting. Tout d’abord en laissant la parole à Laure Cedat qui s’est livrée à un plaidoyer émouvant pour une meilleure sécurité routière à Lyon. Sa fille Iris est décédée dans l’accident de trottinette qui a également couté la vie à son copain Warren le 22 aout 2022. Pour elle, les exécutifs écologistes de la Ville et de la Métropole ne font pas le nécessaire pour protéger les modes doux des chauffards. Sa cible principale : les voies communes bus et vélo et un développement “trop rapide” des voies vélo.
Quant à Jean-Michel Aulas, il a rappelé les encombrements provoqués par les travaux, et longuement reproché aux écologistes d’avoir faire perdre à Lyon et à sa Métropole leur attractivité vis-à-vis des étudiants, des jeunes couples, des familles, des chefs d’entreprise… Notamment à cause d’une insécurité grandissante justement. Le nouveau candidat aux élections municipales n’a pas manqué de souligner que Grégory Doucet venait d’écarter de la prochaine campagne son adjoint à la sécurité Mohamed Chihi (voir encadré “Sécurité” ci-dessous).
Une fenêtre de tir évidente donc pour Jean-Michel Aulas qui a pris l’engagement, s’il était élu, d’organiser un référendum par an. Premier sujet annoncé : la création d’une “police métropolitaine capable de mutualiser les efforts et les moyens pour que partout, dans chaque quartier, la sécurité devienne l’affaire de tous.” Une idée qui rappelle fortement la brigade métropolitaine que proposait de créer David Kimelfeld, ancien président de la Métropole, lors de la campagne des élections de 2020.
Pour le reste, il faudra attendre un vrai programme car à ce stade, Jean-Michel Aulas s’est contenté des grandes lignes et des positions de principe. Par exemple en renvoyant dos à dos “antisémitisme et islamophobie” comme “deux fléaux de notre société”. Ou en rappelant sa défense du nucléaire.
Dénonçant de manière répétée “une écologie dogmatique” et se revendiquant “d’une écologie ouverte et positive”, il a simplement réitéré comme proposition concrète, sa volonté de transports en commun gratuits pour ceux gagnant moins de 2 500€/mois.
Ces deux engagements relancent une question récurrente. Pourquoi ce chef d’entreprise ne brigue-t-il pas la présidence de la Métropole qui concentre les compétences en matière d’urbanisme, d’économie et de mobilité ? D’ailleurs, s’il vise le poste de maire de Lyon car c’est le plus fort symboliquement, il a bien l’intention d’infléchir également des politiques qui relèvent en priorité de la Métropole. Sa volonté d’avoir “une ville qui attire les plus grands talents, une ville qui crée des emplois, une ville qui mise sur l’innovation, qui ouvre des perspectives au lieu de les fermer”, pourrait convenir à un discours métropolitain.
Reste évidemment la force du symbole. L’impression dominante du meeting était que les participants considéraient les écologistes actuellement en poste comme des imposteurs à chasser du pouvoir, et qu’Aulas allait leur permettre de retrouver le Lyon de leur coeur. Ce qui passe par la reprise de l’Hôtel de Ville.
Laure Cédat a condensé cette perception de la situation politique en l’interpellant  avant sa prise de parole : “S’il vous plaît, monsieur Aulas, rendez-nous, Lyon.”

Laure Cédat

——RAPPORTS DE FORCE

Aulas peut-il rendre Lyon à la droite, ville qu’elle a perdue en 2001, il y a 24 ans, au profit d’une coalition gauche plurielle menée par Gérard Collomb et dominée par le PS ? Ville qu’elle n’a pas reprise en 2020, malgré son alliance avec ce même Gérard Collomb.

Jean-Michel Aulas veut rassembler au-delà des étiquettes politiques mais il a consacré presque neuf mois à les convaincre de se rallier à sa candidature. Il a commencé en février par un sondage commandé par sa holding Holnest, et le testant à la tête d’une liste société civile. Celle-ci rassemblait 22% des voix au 1er tour d’une élection municipale, devant une liste Renaissance-Modem-Horizons menée par Georges Képénékian (17%) et une liste LR menée par Pierre Oliver (15%) (sondage Cluster 17, février 2025). En avril 2025, une étude commandée auprès d’Elabe par BFM le propulsait à 34% s’il prenait la tête d’une liste d’union LR-Renaissance-Modem-Horizons. Ce que confirmait un nouveau sondage commandé par sa holding, cette fois réalisé par Harris, qui le plaçait à 36% en juin dernier. Pourquoi pas 54%, ce qui serait le cumul de sa liste société civile (22%) avec celles de Renaissance-Modem-Horizons (17%) et de LR (15%) du sondage de janvier 2025 ? Parce que politique ne rime jamais avec arithmétique. Le sondage Elabe détaille cette déperdition : 71% des électeurs de Doucet de 2020 sont prêts à revoter pour lui en mars 2026 mais Jean-Michel Aulas ne convainc que 54% des électeurs de Yann Cucherat (LREM), 44% de ceux qui ont voté Etienne Blanc (LR) et 38% des électeurs de Georges Képénékian (Divers Centre).
Georges Képénékian lui-même n’a pas accepté de rallier Jean-Michel Aulas. Ce qui laisse ouvert la possibilité d’une liste divers centre ou divers gauche. Une 3e voie électorale qui ne se reconnaît ni dans sa candidature ni dans celle de Doucet, reste ouverte. Si ces listes sont présentes au 1er tour, quelle sera leur stratégie pour le second tour ? Et si elles ne peuvent pas se maintenir, quel sera le choix de leurs électeurs ? Tant à la Ville qu’à la Métropole ?
Jean-Michel Aulas se réclame souvent de l’héritage de Gérard Collomb mais celui-ci n’a gagné qu’avec un rassemblement gauche plurielle. Même s’il a peu à peu fait disparaitre l’emblème socialiste de ses campagnes pour se situer de plus en plus au centre, il était resté entouré de socialistes, de radicaux de gauche, de communistes, d’écologistes, d’alternatifs… Même quand il a élargi sa majorité à des personnalités comme Richard Brumm, son adjoint aux finances qui se disait sarkozyste, même quand il a lancé la candidature d’Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle, cette alliance a tenu. Elle n’a éclaté qu’après son passage au Ministère de l’Intérieur et son retour à Lyon. Georges Képénékian et David Kimelfeld ont alors fait sécession avec un score non négligeable aux élections de 2020 et Gérard Collomb, allié avec LR, a perdu.
Malgré les sollicitations de Jean-Michel Aulas, ces deux figures de la vie politique lyonnaise ont refusé ses propositions de ralliements contrairement à certains élus macronistes de leur liste de 2020 à l’image de Thomas Rudigoz .
Peut-être parce que certains proches de Gérard Collomb se souviennent encore que l’ancien patron de l’OL avait envisagé de le défier de son vivant au nom de la droite et que Gérard Collomb l’en avait dissuadé. D’ailleurs, quand Jean-Michel Aulas a voulu reprendre le micro-parti créé par l’ancien maire de Lyon, sa veuve Caroline a souhaité s’y opposer. A ce stade, le rassemblement de Jean-Michel Aulas penche donc clairement à droite et au centre-droit. Il est soutenu par des maires LR de la Métropole qui ont su conserver ou reprendre des municipalités au dernier scrutin, et par Laurent Wauquiez double vainqueur aux élections régionales en 2015 et 2021, mais aussi par des élus lyonnais qui ont, au contraire, cédé du terrain d’abord face à Gérard Collomb puis à ses successeurs écologistes. Ce qui explique sans doute qu’ils placent désormais leurs espoirs dans une candidature de Jean-Michel Aulas.

 

——SECURITE : le point faible des écologistes ?
Même si Grégory Doucet revendique avoir été le maire qui a le plus embauché de policiers municipaux en un mandat, son équipe n’a jamais paru prendre à bras le corps cette question de la sécurité.
Après avoir déclaré qu’écologie et sécurité n’étaient pas incompatibles en début de mandat, Mohamed Chihi, son adjoint à la sécurité, a procrastiné sur le développement de la vidéo surveillance et renoncé à ses engagements concernant la communication des chiffres de la délinquance. Le maire écologiste l’a défendu sans relâche avant de finalement reprendre le lead lui-même sur ce sujet sensible. Sur le fond, Gérard Collomb avait musclé sa police municipale tant dans l’encadrement, en recrutant d’anciens commissaires de police pour la diriger, que dans les équipes en créant des services d’interventions spécifiques comme le Groupe Opérationnel Mobile (GOM). Grégory Doucet est revenu à une analyse plus traditionnelle de cette question en rappelant que la sécurité était d’abord une compétence de l’Etat et il a eu des échanges très vifs en début de mandat avec Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur. Il est clair que ce n’est pas la police municipale qui doit lutter contre les narco-trafiquants mais en rester à la simple séparation institutionnelle des compétences, est apparu comme un recul par rapport à la manière dont Gérard Colomb et ses adjoints à la sécurité, Jean-Louis Touraine et Jean-Yves Sécheresse (décédé en novembre 2023), s’étaient saisis du sujet.

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