Trophée Démocratie Urscop : Le Crestois

De gauche à droite: Jean-Baptiste Bourde, commercial et ancien gérant, Laure-Merem Ravier, journaliste et gérante, Aurélien Charle, journaliste (parti), Clément Chassot, rédacteur en chef et associé, Perrine Quenu, administratrice et associée et Martin Chouraqui, journaliste, éditeur et associé. L’équipe est aussi composée de Phillipe Multeau, éditeur web et de Blandine Flipo, journaliste

Mag2 Lyon a décerné en novembre ses 14e Trophées de l’ESS pour valoriser les initiatives dans la région. On commence par le trophée le plus symbolique : le Crestois, un journal hebdomadaire de la Drôme, a été repris en SCOP par ses salariés dans une période où la concentration des media s’accentue chaque jour. D’ailleurs, c’est le premier trophée pour un media “print” depuis le lancement des trophées Mag2Lyon en 2010

Cet hebdomadaire créé en 1900 et géré depuis par les descendants du fondateur, a été repris cette année par ses salariés. Le Crestois est né loin de l’univers de l’ESS. “Son fondateur, Joseph Bruyère, était un fasciste et antidreyfusard notoire. Il voulait lutter contre la loi de 1905 de séparation entre l’Eglise et l’Etat”, rappelle Laure-Meriem Rouvier son actuelle gérante. C’est aussi lui qui va créer l’imprimerie du journal pour gagner en autonomie. Sa fille et son gendre ont fait évoluer sa ligne éditoriale vers la gauche, tendance SFIO.
C’est dans les années 1970 avec l’arrivée de Claude Bourde, également descendant de Joseph Bruyère, que cet hebdomadaire va prendre un nouvel essor. Après un passage en Hypokhâgne-khâgne et un diplôme de sociologie, il va professionnaliser la pratique journalistique du Crestois et moderniser l’imprimerie. “Il travaillait énormément et il a vraiment incarné ce journal”, résume Laure-Meriem Rouvier. À son décès brutal d’un cancer à 62 ans, c’est son fils
Jean-Baptiste qui reprend la gérance en s’occupant plutôt du commercial, avec sa sœur Fanny à l’imprimerie. “À mon arrivée en juillet 2022, j’ai senti que l’héritage devenait lourd à porter pour eux. J’en ai discuté avec des collègues et ils étaient partants pour une reprise en scop”, raconte Laure-Meriem Rouvier. Productrice de musique, cette diplômée en théâtre du Conservatoire d’Avignon a décidé de se reconvertir au journalisme en suivant une formation au CFPJ.
Originaire de cette vallée de la Drôme, le choix du Crestois lui a semblé naturel. “Avant même de partir en formation à Paris, je suis allé voir Martin Chouraqui, rédacteur-en-chef du Crestois, pour lui dire qu’à mon retour, j’étais prête à travailler pour lui s’il avait besoin!” Ce qu’il accepte. Elle découvre une équipe “fatiguée”. Pour Laure-Meriem Rouvier, impossible de baisser les bras. “J’ai pratiquement appris à lire avec le Crestois. Je ne voulais pas le voir se casser la gueule!” Première décision : fermer l’imprimerie qui était devenue un poids. Pourquoi en SCOP ? “C’est venu assez naturellement. J’ai appelé l’URSCOP et on a été rapidement conseillé par Rémy Dalant-Welcomme. Sans l’URSCOP, sans lui, et son tableur excel de 12 feuilles toutes interconnectées, on n’y serait jamais arrivés”,
résume Laure-Meriem Rouvier qui s’associe avec Martin Chouraqui et Clément Chassot, le nouveau rédacteur en chef. Jean-Baptiste Bourde va aussitôt accepter le principe de cette reprise.
L’équipe va ensuite être rejointe par Perrine, ancienne administratrice d’un théâtre de rue, qui sera la quatrième associée. Après avoir placé le Crestois sous la protection du tribunal de commerce en février, le projet de reprise va être présenté en juin avec l’accompagnement de François Bonnet, président du Fonds pour une presse libre (FPL) lancé par Mediapart et aujourd’hui indépendant. Un accompagnement décisif selon Laure Meriem-Ravier. “Il a donné une stature
au projet.”
50400 € de titres participatifs et 20000 € de dons vont être levés en quatre mois. Auxquels se sont ajoutés un prêt de 20000 € du Crédit Coopératif, un autre de 10000€ de France Active ou encore un prêt d’honneur de 10000€ souscrit par la gérante. Et encore 17 500€ d’Intermarché dans le cadre de la reconversion de sa base logistique de Loriol. Soit presque 130000 € mobilisés.
Sans oublier le soutien indéfectible de l’Association des amis du Crestois, forte de 600 adhérents, des correspondants, des correcteurs et des lecteurs du journal, qui vont aussi bien organiser des ventes à la criée sur le marché lors de la relance en SCOP que des “Cafés Crestois” dans les villages pour faire parler de l’hebdomadaire. “L’été n’était pas la meilleure période pour cette reprise mais depuis la rentrée, on ressent un regain d’intérêt, notamment côté abonnements.” Objectif: passer de 300000 € à 400000 € de chiffre d’affaires en trois ans. En perspective également, la refonte du site internet pour en faire “un vrai site de presse” pour le printemps 2024 avec des video. Ou encore l’extension de la zone de diffusion.

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