Trouver un avocat spécialisé, relancer un impayé, démarcher un prospect à l’étranger… Les indépendants ont de multiples tâches à gérer, parfois bien loin de leur métier de base. Pour les aider, Gaspard Blanc vient de lancer Thriès. Explications. Par Maud Guillot
Quel a été votre parcours avant de créer Thriès ?
Gaspard Blanc : J’ai suivi un BTS en chaudronnerie, mais ça ne me convenait pas. J’ai très vite bifurqué vers l’informatique. Après plusieurs jobs, j’ai travaillé sur le développement d’un logiciel pour les transporteurs. Mon entreprise a coulé mais mes clients m’ont encouragé à me mettre à mon compte car je leur rendais de nombreux services. Je leur trouvais des solutions au moment des migrations c’est-à-dire des changements de système d’information. J’étais là pour que tout fonctionne…
Mais quel était votre rôle exactement ?
Je travaillais pour de très grosses boites avec des enjeux financiers de plusieurs millions. Or, quand un service complet démissionne à cause d’un changement informatique, il y a des pertes d’information. J’étais là pour assurer ce suivi. C’était une mission technique mais aussi humaine. Il n’y a pas d’école pour apprendre ça : il faut savoir poser des questions, chercher des solutions…
Pourquoi avoir lancé votre propre entreprise ?
Je voulais travailler avec des TPE et des consultants, pour leur rendre service. Je voulais retrouver des rapports humains plus directs, moins “politiques”. Je voulais aussi sortir de la pression des grands groupes où certains jouaient leur poste sur mon travail. De plus, j’étais moi-même seul. On m’en demandait toujours plus et j’aurais aimé trouver une forme d’aide pour me libérer de certaines tâches.
En fait, vous aviez besoin d’une assistante ?
Pas seulement. Une assistante administrative peut être efficace dans ce qu’on lui demande mais elle ne va pas réellement comprendre notre métier. C’est pour ça que j’ai créé Thriès avec Camille Tessaro. Je propose aux chefs d’entreprise de prendre en charge l’administratif, le démarchage commercial, le community management, la rédaction d’écrits professionnels, le compte-rendu de réunion… On fait aussi de la conciergerie d’entreprise. Exemple : si un de nos clients a une interview télé, on lui prend rendez-vous chez le coiffeur, on récupère ses affaires au pressing…
En fait, vous êtes multi-tâches…
Oui, mais on peut être très spécialisés. J’ai un réseau avec des compétences très larges que je fais intervenir à la demande. Exemple : le phoning est un métier particulier. Ce sont des gens qui savent passer les barrières des secrétaires, et qui arrivent à contacter les personnes en responsabilité pour leur vendre un produit… Le patron de PME n’est pas forcément bon au téléphone. Ça fait clairement une différence. On propose aussi la recouvrement de facture car la charge émotionnelle est lourde et le stress important. Ça tend la relation avec le client. Nous, on sait faire en douceur.
Vos clients sont plutôt dans le secteur informatique ?
Non, notre premier client a été un consultant en industrialisation en Chine. Il permet aux entreprises de relocaliser en France en copiant le savoir-faire chinois. Il avait besoin d’être reconnu dans son domaine : on a écrit des articles de fond sur son activité qu’on a diffusés sur le web.
Mais ces services que vous proposez existent déjà : il existe des agences de com’, des experts comptables…
Oui, mais le chef d’entreprise doit gérer 10 interlocuteurs différents… Ce qu’il n’a pas forcément envie de faire. Nous, on lui offre un interlocuteur unique, qui en plus le connaît bien. On peut lui trouver un avocat spécialisé puis lui réserver un billet d’avion… On sert de tiers de confiance car on ne travaille qu’avec des partenaires référencés. Le chef d’entreprise est sûr de la prestation qu’on lui propose. En fait, on lui simplifie la vie.
Et pour le recrutement qui est un problème clef des TPE ?
Je propose du conseil en recrutement mais il faut que j’étoffe la qualité de cette prestation.
Comment avez-vous développé tout ce réseau ?
Ça fait trois ans que je source toutes les personnes qui m’entourent. Je repère leurs compétences, leurs points forts… J’ai fait un gros travail de qualification de mon réseau. Je ne fais jamais de dumping : j’estime que la qualité a un coût.
Combien coûtent vos services ?
C’est 65 euros de l’heure. Pour des compétences très pointues comme celles d’un avocat ou d’un développeur informatique, on sert juste d’intermédiaire et on se rémunère en tant qu’apporteur d’affaires.
Donc vous visez les consultants haut de gamme plus que les PME…
Notre cible, ce sont les consultants et les TPE. On estime en effet que nos clients sont ceux qui évaluent leur temps de travail à 100 euros de l’heure. On leur fait faire des économies en leur permettant de se consacrer à leur métier.