Cette nouvelle commune va rassembler 37 500 habitants, ce qui en fera la 8e plus grande ville de la Métropole. Cette union Oullins-Pierre-Bénite voulue par les deux majorités municipales a suscité une forte résistance de l’opposition municipale et d’une partie de la population. Son nouveau maire LR, Jérôme Moroge, présente les contours de cette collectivité locale. Par Lionel Favrot
Que va peser cette nouvelle commune Oullins-Pierre-Bénite ?
Jérôme Moroge : On sera 8e en population. 37 500 habi- tants, cela nous situe entre Meyzieu qui en compte 35 134 et Bron à 42 442. Mais on sera seulement 20e en superficie car on a un petit territoire. Oullins est très dense. L’en- semble Oullins-Pierre-Bénite sera encore moins étendu que la commune voisine de Saint-Genis-Laval. Mais ce sera une commune assez végétalisée avec sept parcs sans compter les berges du Rhône, le cheminement vert d’Oullins et la ferme urbaine de Pierre-Bénite.
Et en termes de services à la population?
Il y a un grand pôle de commerces à Oullins au niveau de la Grande Rue avec 170 enseignes complétées par presque 100 commerces à Pierre-Bénite. On va bien sûr fusionner les services municipaux mais les bâtiments actuels ne vont pas disparaître. Ils resteront accessibles.
Allez-vous fusionner des écoles, collèges ou lycées ?
Non. En revanche, on va stopper le projet de construction d’une école à Pierre-Bénite car on a de moins en moins d’élèves par classe. Ce phénomène est encore plus sensible à Oullins où la moyenne d’âge est plus élevée. Les enfants de Pierre-Bénite pourront donc aller com- pléter les classes d’Oullins.
Les habitants de Pierre-Bénite ne vont peut-être pas apprécier d’aller plus loin pour poser leurs enfants à l’école !
Cela ne sera pas très impactant en termes de déplacement car on est vraiment sur un territoire peu étendu. Aller de Pierre-Bénite à Oullins ne représente pas forcément des kilomètres supplémentaires par rapport à un trajet d’un quartier à un autre de Pierre-Bénite.
Et côté sports ?
On est là aussi très complémentaires. D’ailleurs, cer- tains clubs ne nous ont pas attendus pour fusionner. Exemple pour le basket qui joue en professionnel. Ce qui va changer c’est que les écoles de Pierre-Bénite auront accès à la piscine d’Oullins au lieu d’aller à AquaGaron à Brignais. Ce sera plus pratique. Pour les champions, la nouvelle commune aura à la fois les sportifs bien placés en athlétisme de Pierre-Bénite et ceux qui performent en gymnastique et en badminton côté Oullins.
Des institutions culturelles vont-elles fusionner ?
Non. L’école de musique est municipale à Pierre-Bénite. C’est donc la ville qui prend en charge son budget alors qu’à Oullins, ce sont des structures associatives qui reçoivent des subventions. On va laisser cette situation à l’identique.
Vous avez évoqué des questions financières pour justifier cette fusion. Il s’agit de deux communes en difficulté?
Non. Oullins a dû gérer des problèmes d’emprunts toxiques souscrits par François-Noël Buffet quand il était maire. Même si elle reste plus endettée que Pierre-Bénite, elle a déjà commencé à s’en sortir. Ceci dit, je ne critique pas cet endettement car cela signifie qu’il y a eu des investissements. De plus, Oullins a davantage d’épargne car elle a des recettes plus dynamiques. On a donc des profils un peu différents et c’est tant mieux. Associer deux communes identiques n’aurait rien apporté à l’une et à l’autre.
Avez-vous le pourcentage de logements sociaux exigés par la loi?
Oullins payait une taxe parce qu’elle n’avait pas assez de logements sociaux avec un taux de 21 % contre 27 % à Pierre-Bénite. La nouvelle commune, avec un taux de 23,5 % de logements sociaux et deux quartiers prioritaires de la politique de la ville, n’y sera pas assujettie. Cumulé, on devrait atteindre un budget de 44 millions d’euros de fonctionnement pour un total de 750 agents.
Cette union va-t-elle permettre des économies ?
Oui, c’est bien l’objectif ! On ne le verra pas dès les premiers mois en 2024 mais on espère bien enclencher une baisse du budget dès l’exercice 2025 et atteindre -5 % avant la fin du mandat. D’autant que l’union va générer des frais. D’ailleurs, l’État nous a accordé une dotation d’amorçage de 1,7 million d’euros pour trois ans pour nous aider à les prendre en charge. Même si cela nous coûtera quand même moins.
FINANCES : ÉCONOME MAIS ENDETTÉE
Mag2Lyon examine régulièrement les comptes des communes de la Métropole de Lyon et de la Région.
Jérôme Moroge a accepté de nous communiquer une projection de la future fiche d’identité financière d’Oullins-Pierre Bénite à partir des chiffres 2022 consolidés.
Au vu des rapports de la Chambre régionale des comptes, on ne peut pas dire que ces deux communes étaient dans une situation très préoccupante. En effet, ces magistrats chargés d’alerter sur d’éventuels dérapages ne sont pas venus à Oullins depuis 2018 malgré ses anciens emprunts toxiques et leur dernier rapport sur Pierre-Bénite date même de 2013. Ce qui signifie qu’ils n’avaient rien vu d’alarmant sinon ils seraient revenus une deuxième fois. Qu’en sera-t-il de la nouvelle commune ? Si on observe ses futurs ratios, elle apparait moins dépensière que les communes de la même strate avec des dépenses réelles de fonctionnement (DRF) de 1 249 € par habitant contre 1 519 € en moyenne pour les villes comparables. Soit un écart en sa faveur de -17,8 %. En revanche, elle investit moins, ce qui n’est pas forcément bon signe, avec une dépense d’équipement par habitant deux fois moins importante que les communes de sa strate à 148 €/habitants contre 341 € en moyenne dans sa catégorie. Il faut dire qu’elle est plus endettée avec un encours de 1 361 €/habitant contre 999 € en moyenne soit 36 % supplémentaire ! Sa capacité de désendettement, c’est- à-dire le temps qu’il lui faudrait pour arriver à zéro, approche même des 11 ans, un niveau inquiétant qui est au double de la strate (5,38). Ce qui peut être un obstacle à de nouveaux investissements.