Le béton de bois décarboné

Les trois associés de CCB Greentech : Cédrik Longin, François Cochet et Laurent Noca

CCB Greentech, basée à Beaurepaire, a mis au point TimberRoc, un béton de bois adapté à la construction avec un bilan carbone négatif. Après une quinzaine d’années de R&D, l’entreprise iséroise se lance à la conquête des marchés français et étrangers.  Par Joris Bolomey

Du béton de bois pour construire des bâtiments neufs. C’est la solution développée par CCB Greentech, basée à Beaurepaire, au nord-ouest de l’Isère. Elle a mis au point après une quinzaine d’années de R&D et dix brevets TimberRoc, un béton composé de bois à 90 % en volume et 60 % en masse. Le béton de bois est déjà utilisé pour les murs antibruit, en bordure d’autoroute par exemple. Mais CCB a développé un matériau structurel qui permet de construire des bâtiments. “Il s’agit d’une innovation de rupture, il n’y a pas d’autre béton de bois structurel sur le marché du bâtiment”, insiste Cédrik Longin, associé et directeur exécutif de CCB Greentech. Cette entreprise a été fondée en 2006 par François Cochet, ancien exploitant forestier, rapidement rejoint par Laurent Noca, ingénieur Arts et Métiers.

TimberRoc rompt avec des dizaines d’années de construction tout en béton, ou plus récemment tout en bois, poursuit Cédrik Longin. Ce matériau a les atouts du béton et du bois et se marie très bien avec l’un et avec l’autre.” Il est pour l’instant utilisé pour fabriquer des panneaux de murs et des prédalles et CCB Greentech réfléchit à développer des modules 3D en béton de bois.

 

 

Cette technologie offre une alternative à l’utilisation du sable et des granulats en construction, devenue presque systématique à partir du milieu du XXe siècle. Le sable et les granulats sont la troisième ressource la plus utilisée sur terre après l’air et l’eau. Or, l’extraction de sable marin a déjà entraîné la disparition d’îles en Indonésie, aux Maldives, ou de plages en Floride.

Le bois qu’utilise CCB Greentech en remplacement de ce sable et des granulats provient exclusivement de forêts gérées durablement, certifiées PEFC, et situées en région Auvergne-Rhône-Alpes. De plus, les copeaux de bois utilisés sont issus de bois de trituration, considéré commeun déchet lors de la production du bois d’œuvre, qui désigne un bois de qualité, par exemple destiné à la construction, et sujet aux tensions et pénuries ces derniers mois.

Forte inertie

La quantité de CO2 absorbée par le bois pendant la croissance des arbres est supérieure à celle émise lors de la production du TimberRoc. CCB Greentech annonce un bilan carbone compris entre -40 et -70 kg de CO2 par mètre carré de TimberRoc. Cette technologie présente également des atouts pour réduire la facture énergétique lors du cycle de vie du bâtiment, avec, selon l’épaisseur des murs, de 12 à 21 heures de déphasage, soit la capacité du matériau à laisser ou non passer la chaleur. “Notre béton de bois donne une forte inertie aux bâtiments, précise Cédrik Longin. Cela permet de garder des températures constantes et d’utiliser moins d’énergie pour le réchauffer et le refroidir.

Ces performances font de TimberRoc une solution de choix dans le cadre de la RE 2020, nouvelle réglementation environnementale pour les constructions neuves. Elle remplace la RT 2012 depuis le 1er janvier 2022. “Nous respectons la RE 2020 qui impose un bilan carbone le plus faible possible lors de la construction d’un bâtiment et lors de son cycle de vie, avec certaines spécificités, comme sur le confort d’été par exemple, détaille Cédrik Longin. TimberRoc permet de construire des bâtiments adaptés aux futures canicules grâce à son taux d’inertie, son taux d’amortissement et à sa perspirante. Ce matériau respire et régule ainsi naturellement l’hygrométrie. Il évite d’avoir un bâtiment humide en hiver et l’été, le mur va renvoyer l’humidité vers l’intérieur comme une climatisation naturelle.”

Au-delà de son bilan carbone, TimberRoc apporte une isolation acoustique efficace et il est dans le même temps résistant au feu selon CCB. Ce matériau présente enfin l’avantage d’être facilement mis en œuvre. Il mobilise moins d’ouvriers que le béton classique avec un temps de chantier réduit explique l’entreprise. “C’est un matériau plus léger que le béton, précise Cédrik Longin. Lorsqu’il y a besoin de faire une retouche, notre béton se découpe comme du bois avec une scie. Et notre technologie est dans les prix du marché.

Décollage commercial

CCB a réussi à développer en 15 ans un béton de bois structurel au bilan carbone négatif. L’enjeu est désormais de commercialiser et de multiplier la production de TimberRoc. Le site de Beaurepaire, sur lequel l’entreprise s’est installée au printemps dernier, soutenue par la communauté de communes, l’État et la Région, regroupe le siège social, une usine de fabrication de granulats de bois et un site pilote de R&D. Depuis 2006 et pendant toute sa phase de R&D, la société s’est appelée Constructions Composites Bois mais elle a été rebaptisée en septembre dernier Carbone Capture Buildings Greentech. “Un nom anglophone plus adapté à l’export”, glisse Cédrik Longin.

TimberRoc est actuellement sous licence technologique auprès de deux industriels, Préfa du Léman et Spurgin. Ils peuvent donc fabriquer ce béton de bois, le mettre en œuvre et le commercialiser pour des chantiers variés. Ces deux partenaires de CCB Greentech ont également annoncé leur intention d’investir dans des sites dédiés à la fabrication de béton de bois. L’entreprise a également annoncé en novembre son “rapprochement capitalistique, industriel et commercial” avec Lafarge France. “Cet investissement significatif nous permet de dérouler notre plan d’industrialisation, qui se chiffre à une dizaine de millions d’euros, explique Cédrik Longin, mais nous restons majoritaires, indépendants et autonomes”, insiste-t-il.

Après une soixantaine de bâtiments réalisés en béton de bois, CCB Greentech va se concentrer sur le marché français en 2022 et devrait employer une cinquantaine de personnes d’ici deux ans. Elle ambitionne également de passer d’un chiffre d’affaires d’environ un million d’euros à 50 millions d’euros d’ici cinq ans.

 

Cet article vous a plu. Découvrez notre magazine consacré au Développement durable dans la Région Auvergne Rhône-Alpes en le commandant sur notre site.

HORS-SERIE

VERSION NUMERIQUE Journaux.fr COMMANDER

Directement chez vous

+ HORS SERIES

S’ABONNER

NOS ARCHIVES

ACCES A TOUS
Nos numéros

COMMANDER

MEDIA

Welcome Back!

Login to your account below

Retrieve your password

Please enter your username or email address to reset your password.

Add New Playlist

Panier0
Il n'y a pas d'articles dans le panier !
Continuer les achats
0