IAC : Dans la cosmogonie de Joséfa

L’Institut d’art contemporain de Villeurbanne se métamorphose jusqu’au 11 janvier pour accueillir Intrications, la plus vaste exposition jamais consacrée à Josèfa Ntjam. Installée à Saint-Étienne, déjà repérée à la Biennale de Venise comme à celle de New York, l’artiste, déploie ici un univers dense, foisonnant, où science, mythes et luttes d’indépendance dialoguent sans hiérarchie. Par Agnès Benoist

L’IAC devient une véritable forêt d’images : photomontages, vidéos, sculptures, sons et avatars 3D, hamacs creusés dans le sol et paysage lunaire composent un espace immersif où les visiteurs – et particulièrement les adolescents – circulent avec jubilation. Colorée, joyeuse, l’exposition a pour fondement des sujets graves. Elle ouvre des portes vers d’autres savoirs, des récits ancestraux aux théories quantiques.
Le titre Intrications emprunte à la physique quantique l’idée que deux particules peuvent vibrer à l’unisson malgré des années-lumière de distance. Une métaphore qui résume la démarche de Josèfa Ntjam : tisser des liens entre des éléments apparemment opposés – la peau et le métal, la plante et la comète, la voix et la matière. À 33 ans, elle mobilise tous les médiums pour faire surgir ces connexions invisibles : dessin, collage, 3D, installation, vidéo, création sonore… Son univers fait d’assemblage est prolifique. Le fil narratif intense et transdisciplinaire.
Josèfa Ntjam aime croiser les savoirs, interroger le visiteur sur ses croyances, tout en lui transmettant une force vitale et de l’espoir. Au fil du parcours, trois figures féminines, majeures des luttes pour l’indépendance apparaissent, parfois de manière discrète, parfois surprenante : les Camerounaises Marthe Ekemeyong Mounier et Élisabeth Djouka, et la Guinéenne Marfory Bangoura. Josèfa Ntjam inscrit leurs histoires dans un récit plus vaste, Josèfa Ntjam prend la parole non pas de façon individuelle mais collective. Elle restaure l’importance des lignées, des héritages, pour mieux réaffirmer les possibles.


Originaire de Metz, formée à Bourges et à Dakar, passée par des résidences dans une usine au Portugal ou dans un laboratoire de physique quantique au Canada, Josèfa Ntjam compose un langage hybride. Elle convoque le récit des tribus Bassa du Cameroun, Dogon du Mali, et Fang du Gabon, et de toutes les minorités opprimées et nous interroge sur les discours dominants.
Ses « statues ethniques » sont en réalité des collages réinventés à partir de pièces muséales, créant ce qu’elle revendique comme « un syncrétisme » assumé.
De la lune au plancton, de l’histoire au cosmos, on rencontre des personnages comme le jazzman Sun Ra. L’IAC invite à entrer dans l’univers prolixe de Josèfa Ntjam, que la commissaire Sarah Caillet suit depuis plusieurs années. Les différentes salles résument le fruit des étapes d’un travail d’une décennie, ainsi que la curiosité et l’appétit de l’artiste.
Au-delà de la profusion, une boussole interne guide l’artiste. Et donne envie de la suivre encore longtemps.
Intrications à l’institut d’art contemporain : 11 rue du docteur Dolard à Villeurbanne. Du mercredi au vendredi de 14 à 18 heures, les samedis et dimanche de 13 à 19 h. Plein tarif 6 euros, tarif réduit 4 euros.

 

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