Elliott Erwitt : Rire en noir et blanc et en couleurs

GB. ENGLAND. Birmingham. 1991. "Retrospective " by Elliott Erwitt. Magnum Photos.

La Sucrière consacre une grande rétrospective au photographe américain Elliott Erwitt (né en 1928), traversée par un humour qui touche à la fois l’intime et l’universel. Par Jennifer Lesieur.

Que ce soit un bouledogue ou Grace Kelly, Elliott Erwitt photographie tous ses sujets avec la même tendresse. Son œuvre, commencée au début des années 50, comporte 600 000 négatifs, dont la quintessence est réunie dans neuf salles thématiques de la Sucrière (jusqu’au 17 mars 2024). Isabelle Benoit, commissaire de l’exposition, précise que “cette rétrospective présente ses deux facettes principales : une partie en noir et blanc, qui représente son travail artistique, et une partie en couleur, qui sont des commandes de magazines ou d’entreprises”.
Des couples à la publicité, des nudistes au tourisme, des enfants aux hommes politiques, les photographies d’Erwitt abordent à la fois l’intime à l’universel, ce qui lui a valu d’être repéré par l’agence Magnum, dont il finira par prendre la présidence. Mais Erwitt se distingue surtout par son humour : tendre, burlesque ou décalé, selon les situations immortalisées.
La section consacrée aux chiens est irrésistible. “Erwitt ne considère pas le chien comme un animal de compagnie, mais comme un individu qui serait un reflet de notre humanité”, explique Isabelle Benoit. “Pour lui, si un chien est intéressant, c’est qu’il y a une situation intéressante.” Toutes ses photos ont été prises par hasard : “il se trouvait juste au bon endroit, et a appuyé sur le déclencheur au bon moment !” Encore faut-il avoir l’idée de se mettre à la hauteur du chien pour voir le monde au ras du sol…
Les plages, les musées, les plateaux de tournage offrent autant de situations où Erwitt attend souvent des heures avant de saisir l’instant et le cadrage les plus cocasses.
D’autres photos montrent des sourires aux résonances plus graves, comme ce jeune garçon hilare qui retourne un revolver contre sa tempe, lors d’un reportage à Pittsburgh dans les années 50. “Pour Erwitt, c’est l’une de ses images les plus réussies car elle déclenche plusieurs émotions contradictoires, la peur comme la joie”, constate la commissaire. De même pour ces Afro-américains sur le quai du métro où trône une publicité pour un agent blanchissant. “Erwitt dit toujours qu’il n’a aucune théorie, aucun message, mais il dit beaucoup de choses en réalité…”
Pour preuve, les nombreuses citations de l’artiste qui ponctuent l’exposition, dont celle-ci en forme de manifeste : “Si mes photos permettent aux gens de voir le monde d’une certaine façon, c’est certainement d’y voir les choses sérieuses de manière non sérieuse.” On quitte l’expo comme il l’aurait souhaité : souvent amusé, toujours intrigué.

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