Assez discret depuis sa défaite aux élections métropolitaines de 2020, David Kimelfeld se livre dans cet entretien, à un premier bilan sans concession de Grégory Doucet et Bruno Bernard. David Kimelfeld avait été soutenu par Gérard Collomb pour lui succéder comme Président de la Métropole quand il avait été nommé Ministre. Finalement, les deux hommes se sont affrontés et ce sont les écologistes qui l’ont emporté. Mais David Kimelfeld n’a pas l’intention de tourner la page de la politique. Ce chef d’entreprise est désormais élu au Grand Lyon mais aussi à la Ville de Lyon(1). Par Lionel Favrot
Quel est votre état d’esprit après trois ans dans l’opposition ? Vous n’êtes pas toujours le plus virulent contre les écologistes…
David Kimelfeld : J’essaie de ne pas tomber dans la caricature quand je critique les décisions de la majorité. En tant qu’opposant, c’est facile de grossir le trait ! Cette position équilibrée, dans mon regard, mes expressions et mes propositions, est un gage de crédibilité. Ce qui me différencie d’autres élus de l’opposition, c’est que j’ai moi-même exercé des responsabilités comme maire du 4e arrondissement mais aussi vice-président puis président de la Métropole de Lyon.
Ce n’est pas trop frustrant de se retrouver dans l’opposition ?
Non, je n’ai pas été abattu… en tout cas pas très longtemps. J’ai des capacités de résilience ! En revanche, j’étais préoccupé pour mon équipe. À la différence des fonctionnaires, les collaborateurs de cabinet n’ont plus de job du jour au lendemain quand on perd. Je les ai aidés à retrouver un travail. N’ayant jamais totalement arrêté mes activités professionnelles, je sais qu’une autre vie que lapolitique existe.
Vous n’avez pas envie de prendre un peu de distance avec la politique ?
Non. Je compte bien rester un acteur de la vie politique. Même s’il y a aussi des délices à ne plus être aux manettes. Michel Havard, l’ancien député LR, m’avait prévenu : si tu perds, le vendredi soir, tu ne regarderas plus ton agenda mais la météo. Il avait raison. J’ai retrouvé des libertés que j’avais perdues. Dès les premiers jours, j’ai pris un cahier et j’ai fait deux colonnes : le positif et le négatif. Dans le positif, il y avait d’être plus attentif à ma famille au quotidien, de prendre le temps de passer une heure dans une librairie, d’accepter spontanément l’invitation d’un ami…
Faites-vous partie de ceux qui ont été totalement surpris par la victoire des écologistes en 2020 ?
Non. Il fallait être vraiment inconscient pour ne pas imaginer leur victoire possible. Il y avait non seulement une vraie appétence chez les électeurs pour des thèmes comme le climat mais aussi un contexte très particulier : l’abstention, le Covid, la division des équipes de Gérard Collomb en deux listes, l’usure du pouvoir… On paraissait représenter “l’ancien monde”. Pourtant, on n’était pas tous en responsabilité depuis très longtemps.
Est-ce qu’on vous reproche encore aujourd’hui d’être responsable de cette défaite en vous présentant contre Gérard Collomb après avoir été dans son équipe ?
Oui, je rencontre parfois des Lyonnais qui considèrent que nos divisions les ont “bien mis dans la merde…” Ce ne sont pas des élus mais des acteurs de la ville très remontés contre les écologistes.
Avez-vous des regrets aujourd’hui ?
En 2020, Gérard Collomb et moi, on n’a pas pris le temps de discuter du fond des choses. Tous les deux. Peut-être qu’on aurait fini par trouver un terrain d’entente. Les torts de cette défaite sont partagés.
Cette alliance au second tour des équipes de Gérard Collomb avec les listes LR, cela aurait pu marcher ?
Je n’y ai jamais cru et je n’avais visiblement pas tort puisqu’ils ont perdu ! Ces listes d’union de Gérard Collomb avec la droite n’ont pas additionné leurs scores du premier tour. On en a même été loin. À peine 20 % de plus que le résultat des listes LR… Cette alliance de circonstance n’a pas convaincu. Nous, on a récupéré une partie de ces voix au second tour mais pas assez pour gagner.
Pierre Oliver, le maire LR du 2e arrondissement (2), affirme discuter avec des proches de Gérard Collomb et des membres de vos équipes comme si vous alliez rejoindre cette alliance à votre tour pour battre les écologistes…
On discute de certains sujets ensemble car on est tous les deux dans l’opposition. Exemple : je suis intéressé par son avis sur la piétonnisation de la Presqu’île car il est maire du 2e et patron des LR au conseil municipal. Mais ces discussions ne préfigurent pas une alliance électorale et je n’ai pas besoin de lui pour faire passer des messages. On a de vraies divergences sur certains sujets : Pierre Oliver est très attaché à Laurent Wauquiez. Pas moi ! C’est le moins qu’on puisse dire !
Vous votez parfois tous les deux contre des propositions des écologistes !
On peut avoir des positions similaires d’opposants mais de là à porter une union large avec des projets communs, il y a un fossé et la question de recouvrir ce fossé n’est pas d’actualité. Je crois que Pierre Oliver s’est un peu emballé. Si cela s’explique par les résultats de certains sondages, je lui conseille de garder la tête froide car à 3 ans des élections, ils n’ont pas beaucoup de signification.
Avec le recul, vous vous dites que vous auriez peut-être dû vous allier avec les écologistes pour infléchir leur politique plutôt que de la critiquer dans l’opposition ?
On avait des points communs dans nos programmes mais Bruno Bernard n’avait pas besoin de nous pour gagner. Si la question s’était posée, je pense qu’il y aurait eu deux points de blocage. À partir du moment où LFI était dans cet accord de second tour avec les écologistes, il n’y avait pas de chemin possible ensemble. Je pense que Bruno Bernard n’aurait pas non plus accepté nos candidats les plus engagés à En Marche ! Or, je n’allais pas lâcher ces personnes qui m’avaient suivi depuis le début. C’était autant une question de fidélité personnelle que de cohérence politique.
Considérez-vous que ce mandat écologiste n’est qu’un intérim comme certains de leurs opposants ?
Non. Je tiens à rappeler la jurisprudence Piolle. Le maire écologiste de Grenoble était perçu en difficulté avant les élections municipales de 2020. On entendait dire que son mandat n’était qu’une parenthèse. Pourtant, il a été réélu, et bien réélu ! À Lyon, on a perdu car on a été moins bons et moins percutants que les écologistes pendant la campagne. Admettons-le une bonne fois pour toutes ! On ne gagnera pas ces prochaines élections en proposant de revenir là où Lyon en était avant l’arrivée des écologistes.
Le premier bilan des écologistes vous semble-t-il catastrophique ?
Non, et avant de tirer un bilan, je ferais une distinction entre la Ville et la Métropole. Pour moi, Grégory Doucet n’a pas le même rôle à assumer que Bruno Bernard. Le rôle d’un maire est d’incarner sa ville comme un ambassadeur et un protecteur. Alors qu’un président de Métropole se doit d’avoir une vision plus large. Pour moi, Grégory Doucet n’incarne pas bien la ville de Lyon car il n’a pas quitté ses habits de militant.
Pourtant, il affirme apprécier d’être maire…
Grégory Doucet n’a pas compris la fonction de maire. Je l’ai vu récemment intervenir dans C Politique sur France 5 pour parler de l’extrême-droite. Il a décrit Lyon comme étant cernée par les groupuscules identitaires. Ahurissant ! Il faut relativiser : il n’y a aucun élu RN ni au conseil municipal, ni à la Métropole. Et aucun député RN dans le Rhône ! Grégory Doucet se pose en rempart contre l’extrême-droite mais Lyon ne l’a pas attendu. Tous les maires ont agi avant lui : Michel Noir, Raymond Barre, Gérard Collomb, Georges Képénékian… En se mettant en lumière, Grégory Doucet jette la ville dans le noir.
Vous partagez les critiques contre la conférence, où était invité un avocat palestinien pour parler des accords d’Oslo, et qu’il a finalement annulée ?
Cet épisode-là est une catastrophe. Il faut vraiment ne pas connaître l’histoire de cette ville et sa volonté de consensus respectée par tous les maires, pour arriver à diviser ainsi les Lyonnais. C’est un tour de force. Je ne l’aurais pas imaginé une seconde avant de le voir !
Vous êtes plus mesuré dans vos critiques contre Bruno Bernard ?
Oui, car il est à la tête d’une machine qui avance d’elle-même vu toutes les compétences qu’elle doit assumer. Le président a un rôle d’impulsion. Bruno Bernard est aussi plus discret voire peut-être plus habile. Dans cette histoire de conférence, le président de la Métropole s’est bien gardé de voler au secours du maire de Lyon. Face à l’extrême-droite, il a aussi des convictions mais il n’en rajoute pas.
Chez Grégory Doucet, vous ne critiquez pas seulement ses décisions…
Non, je critique d’abord son rapport à la fonction de maire. Dans les sondages, sa personnalité est même davantage critiquée que ses réalisations ! Grégory Doucet n’est pas aidé par ses maires d’arrondissement qui devraient assurer un rôle de proximité. Leur présence sur le terrain me paraît minime.
Pourquoi reprocher au maire de Lyon d’être fidèle à ses convictions ?
C’est encore une fois une question d’équilibre. Quand Grégory Doucet tweete avec son écharpe de maire pour annoncer la naissance d’un nouveau parti écologiste qui doit succéder à EELV, on est dans la plus grande confusion !
Comment analysez-vous ce comportement ?
Au départ, je pensais que c’était une forme d’inexpérience. Aujourd’hui, je pense que c’est tout à fait calculé et assumé. Le maire de Lyon est un homme intelligent et même plutôt sympathique. Il y a eu plusieurs alertes et il n’a en rien changé de comportement. Quand je l’écoute, je pense que s’il était maire de Maubeuge, Limoges, Clermont- Ferrand ou Bordeaux, il aurait le même discours.
Lui reprochez-vous de venir de Paris ?
Non ! On a le droit d’être maire de Lyon sans être né à Lyon. On a même le droit de ne pas y vivre depuis si longtemps que ça. Mais on n’a pas le droit de ne pas s’intéresser à l’histoire de cette ville, de nier son héritage, de méconnaître ses spécificités… Je l’ai entendu dire que la Fête des Lumières était une fête populaire. Oui, mais pas seulement. La Fêtedes Lumières n’est pas un corso fleuri lancé par un comité des fêtes ! Elle puise ses racines dans une histoire particulière.
Vous n’êtes pas convaincu par sa Fête de l’eau avec le réveil de la Mâchecroute à la Guillotière.Pour le coup, c’est de l’histoire lyonnaise…
Je n’ai pas été impressionné mais je ne veux pas être trop sévère pour cette première édition. Je sais combien il est difficile de lancer un nouvel évènement. Le Festival Lumière, porté par Gérard Collomb et Thierry Frémaux, a fonctionné tout de suite mais pas les Nuits Sonores. Pourtant, c’est aujourd’hui un événement incontournable.
Grégory Doucet a déjà révélé sa volonté de se représenter aux prochaines élections municipales… C’est une bonne stratégie ou c’est prématuré ?
Ce qui me gêne c’est qu’il se met dans une position de mener une campagne extrêmement longue… Ce n’est pas ce que les Lyonnais attendent de leur maire. J’ai aussi été surpris par sa déclaration car c’est bien la première fois que je vois un écologiste s’autoproclamer candidat. J’étais persuadé que chez les Verts, les militants désignaient leurs candidats en assemblée générale. Dans son camp, beaucoup sont restés muets de surprise. Bruno Bernard est tombé de sa chaise en découvrant cette déclaration qu’il s’est là encore bien gardé de commenter !
Les principaux reproches contre les écologistes portent sur la sécurité. À raison ?
Il faut avoir l’honnêteté de le dire : l’insécurité à la Guillotière n’est pas liée à l’arrivée des écologistes à la mairie. C’est irresponsable de raconter cela. La situation était déjà inquiétante et elle s’est dégradée au déconfinement. Mais c’est bien au maire de gérer ce problème. Les écologistes me font aujourd’hui penser aux débats qu’on avait au PS il y a 15 ans. À l’époque, on n’osait pas parler d’insécurité, on évoquait des incivilités. On parlait tranquillité publique et non sécurité. Cette attitude, tout comme le refus du maire de Lyon de recevoir le ministre de l’Intérieur, démoralise la police municipale et complique les relations avec la police nationale.
Mais la situation s’améliore à la Guillotière ?
Oui, du fait d’une présence permanente de la police nationale mais ce n’est pas une solution à long terme. Pendant la campagne, j’avais proposé la création d’une police métropolitaine des transports. Elle aurait contribué à apaiser la situation sur l’ensemble du réseau. Globalement, la police ressent un sentiment de défiance des écologistes à son égard. On se rappelle les attaques d’une adjointe d’arrondissement en début de mandat (3) ou les récents encouragements à la désobéissance civile du maire de Lyon. C’est un problème quand on est maire donc officier de police judiciaire. Il y a là une petite schizophrénie.
L’adjoint à la Sécurité, Mohamed Chihi, n’est pas un bon casting ?
Il n’incarne pas un message de sécurité. On le sent plutôt dans la prévention. J’ai voté des deux mains l’opération lancée par la Ville de Lyon avec l’association Le Mas en direction des mineurs délinquants. Mais il faut avoir un plan d’ensemble. Je me souviens de l’action qu’on avait menée rue Romarin contre certains commerces illicites. Un jour on faisait passer la police, un autre l’inspection du travail, un autre encore les services d’hygiène accompagnés d’agents assermentés pour verbaliser… En parallèle, on avait cherché de nouveaux commerçants et artisans avec la CCI. On avait pu regagner du terrain mais la situation reste fragile. Je m’étais inspiré du maire PS de Montpellier qui a une position très claire : ce ne sont pas ceux qui transgressent la loi qui font la loi. Il y a un vrai déficit sur la sécurité chez les écologistes. C’est leur problème numéro 1.
Les écologistes sont également très attaqués sur les transports…
Je soutiens le développement du tramway mais je constate qu’ils poursuivent ce que j’avais lancé. Le prolongement à Vaulx-en-Velin, c’est moi qui l’avais annoncé. Je m’en souviens très bien. D’autres projets sont aussi la suite d’études qu’on avait menées sous le précédent mandat. Cela manque beaucoup d’ambition. J’ai du mal à identifier ce qui est vraiment nouveau sinon l’abandon total du métro. C’est paradoxal car le report modal de la voiture vers les transports en commun fait partie de leur priorité. Et c’est très vertueux.
Pensez-vous que les écologistes mènent une politique équilibrée sur cette question ?
Ils ont compris certaines choses. Exemple pour les parkings relais, indispensables pour ce report modal. Si on veut permettre aux automobilistes venant de l’extérieur de prendre le TER ou les transports en commun lyonnais, il faut bien qu’ils se garent quelque part. Ils voulaient les supprimer ou les réduire en début de mandat. Aujourd’hui, ils sont plus mesurés. Le report de l’interdiction des vignettes Crit’Air 2 dans la ZFE par Bruno Bernard de 2026 à 2028 me paraît aussi être un signe.
C’est pourtant vous qui avez fait voter en 2019 les premières étapes de la ZFE !
Oui, j’ai sorti du dessous de la pile ce dossier qui n’était clairement pas la priorité de mon prédécesseur Gérard Collomb. Mais on avait commencé par les professionnels avec un système de dérogations que poursuivent aujourd’hui les écologistes. Je suis aussi bien conscient des ambiguïtés de l’État qui a fixé un cadre général tout en laissant les collectivités faire comme elles le pouvaient. Ma position, c’est que l’État devrait amplifier les aides à la conversion comme le demande Bruno Bernard. S’il y a des ZFE, c’est parce que la France n’a pas tenu ses engagements en termes de climat et de qualité de l’air. Du coup, l’État s’est engagé à instaurer ces restrictions de circulation et il doit l’assumer.
Faut-il reporter les prochaines étapes de la ZFE ?
Oui. C’est le sens de l’histoire d’interdire les véhicules thermiques mais on devrait attendre 2030 pour bloquer l’accès des ZFE aux Crit’Air 3 et 2035 pour les Crit’Air 2. En étant trop rapide, on provoque l’obsolescence de ces véhicules ou leurs départs vers d’autres territoires. Ce délai permettra de mieux anticiper le remplacement des véhicules et de développer davantage les autres modes de transports.
Critiquez-vous aussi le développement accéléré des voies vélo ?
Fabien Bagnon, le vice-président en charge du développement des voies vélo, me semble trop radical. À l’écouter, tout le monde va aller demain au supermarché en vélo-cargo pour ramener ses deux enfants et 15 kg de courses. Ce n’est pas raisonnable et Bruno Bernard est en train de le réaliser.
Pourtant, vous souhaitiez vous-même développer ces infrastructures vélo !
Oui, d’ailleurs, je ne suis pas contre les Voies Lyonnaises, ce réseau express vélo lancé par Fabien Bagnon. C’est leur mise en oeuvre que je conteste. Il est passé directement à des travaux irréversibles sur la voirie. On aurait pu continuer en testant différentes solutions comme on l’avait fait en 2020 à la sortie du confinement avec des aménagements cyclables provisoires qu’on pouvait facilement reprendre.
Fabien Bagnon explique qu’il faut bien faire un choix car la chaussée n’est pas extensible !
Je connais cet argument. Il nous l’a répété dix fois. Mais il devrait davantage se concerter avec les maires qui connaissent bien leur territoire. Il devrait aussi éviter des doublons comme on le voit devant la Cité Internationale où il y a déjà une piste vélo sur la berge. On ne partait pas de rien quand les écologistes sont arrivés. En revanche, ils n’ont toujours pas mis en place de solutions contre les vols des vélos qui sont pourtant un vrai frein au développement de ce mode de transports.
Votre solution contre les vols de vélo ?
Ces box fermés qu’on voit déjà à Londres. Il y a déjà eu des tests à Grenoble et Rouen en France. Aujourd’hui, c’est risqué de laisser son vélo dans la rue à Lyon. Ils nous disent réfléchir à ces box mais être freinés par certaines règles d’urbanisme. Règles dont ils n’hésitent pas à s’affranchir sur d’autres dossiers. C’est un autre paradoxe !
Bruno Bernard a-t-il bien fait de renoncer à son projet de transport par câble Gerland-Francheville ?
J’ai été surpris qu’il recule aussi vite ! Si Gérard Collomb avait renoncé aux premières critiques contre ses projets, on aurait encore des voitures sur les berges du Rhône et le Carré de Soie n’aurait jamais été aménagé !
Vous reprochez aux écologistes une concertation insuffisante mais là, vous regrettez qu’ils aient tenu compte de la contestation !
Il a surtout renoncé car ce dossier était mal préparé. En tout cas, j’ai peur que la mauvaise gestion de ce projet condamne définitivement ce mode de transport. Aucun élu ne se risquera à proposer de nouveau un projet par câbles à Lyon !
Vous affirmez avoir une opposition constructive avec une analysée équilibrée des décisions écologistes mais finalement, vous êtes plutôt sévère !
Je ne comprends pas la vision que Bruno Bernard a de l’avenir de la Métropole. Je ne sais pas exactement ce qu’il veut. Quand on l’interroge, il passe souvent la parole à sa présidente à l’Economie, Emeline Baume. Mais être président de la Métropole, ce n’est pas se contenter d’être un animateur de vice-présidents ! Il faut porter soi-même certains sujets. Répéter que la transition écologique va créer des emplois ne suffit pas, il faut agir avec les industriels.
À quel dossier pensez-vous ?
L’avenir de la Vallée de Chimie qui est un enjeu extrêmement fort. Quelle est sa gouvernance aujourd’hui ? La raffinerie de Total n’a pas vocation à être éternellement là compte tenu de la transition énergétique. C’est un sujet d’avenir qui devrait préoccuper les écologistes. Poser des composteurs au pied des immeubles c’est bien mais cela ne constitue pas une politique. Je pense que les écologistes devraient réaliser un travail prospectif sur la reconversion industrielle de la Vallée de la Chimie avec le traitement des terres polluées, les nouvelles activités à installer…
Du coup, vous vous voyez déjà candidat aux prochaines élections ?
La question des candidatures est prématurée ! Je ne tourne pas la page de la vie politique mais il y a plusieurs manières d’agir : jouer les premiers rôles ou accompagner une équipe. Il y a aussi plusieurs conditions à réunir au préalable : porter un projet, être rassembleur, faire monter de nouvelles têtes qui incarnent l’avenir…
Mais les thèmes portés par les écologistes sont encore plus d’actualité aujourd’hui qu’en 2020. Ce qui leur donne raison et devrait les favoriser aux élections…
Je crois que les écologistes s’inquiètent de ne plus avoir l’exclusivité de ces sujets. Les éléments différenciants viendront donc d’autres points à travailler. Pour revenir au pouvoir à Lyon et à la Métropole, on ne pourra pas se contenter de reprendre des vieilles recettes. Ce n’est pas raisonnable. Il faudra donner de nouvelles perspectives et proposer d’écrire une nouvelle page.
Entretien publié dans Mag2Lyon de mars 2023 – N°154
Photo Eric Soudan
(1)Suite à la démission pour raisons “personnelles et professionnelles” de Sylvie Palomino en juillet 2022.
(2) Invité de Lyon Politiques, l’émission de BFM Lyon en partenariat avec Mag2Lyon, le 2 février 2023, Pierre Oliver a précisé qu’il appréciait travailler avec Anne-Sophie Condemine, ancienne adjointe de Gérard Collomb et qu’il était en contact avec des proches de David Kimelfeld.
(3)Le syndicat de police Alliance avait porté plainte contre Marie Chastan adjointe du 8e arrondissement, en lui reprochant d’avoir tweeté que la police aurait “une culture du viol”. Mais il a été débouté. Cette élue a quitté ses fonctions et la région pour des “raisons personnelles”.