Clermont : Une Ferme dans la ville

En trois ans, la ferme urbaine de Clermont-Ferrand et ses ateliers pédagogiques ont permis de reconnecter de nombreux jeunes urbains à l’agriculture. Un partenariat approfondi avec la Fondation Landestini, en cours de discussion, pourrait pérenniser le projet. Pa Léo Ruiz

Il tend son bras au-dessus du grillage du poulailler, censé protéger ses occupants des attaques de renards, et pointe une cheminée qui dépasse des arbres, quelques diz aines de mètres plus loin. “ Gamin, j’habitais là . C’était la maison de mes parents” , livre Laurent Rohr, 5 4 ans aujourd’hui, et officiellement responsable d’exploitation de la Ferme Urbaine de Clermont-Ferrand depuis sa création, il y a trois ans. Un projet aux multiples facettes que ce natif de Haute-Savoie a voulu développer dans une ville qu’il aime, où il a grandi et fait ses études, avant de devenir journaliste puis assistant parlementaire au Parlement européen, au sein de la commission de l’agriculture et du développement rural. Fils d’une mère suisse et d’un père alsacien, Laurent reconnaît être imprégné d’une mentalité germanique. “Pour un Allemand, n’est bio que ce qui est local”, dit-il. D ’Outre-Rhin, il a aussi retenu “la facilité avec laquelle les terrains urbains en déshérence sont occupés”, notamment pour y développer une agriculture de quartier. Un parcours et un héritage qui l’ont mené vers le quartier de Vallières et ce terrain en friche qui surplombe la rue du Pavin et la voie ferrée reliant les gares de Royat-Chamalières et Clermont-La Rotonde

UN OUTIL PÉDAGOGIQUE
Une initiative soutenue par la Métropole. “Face aux différentes crises et à l’accélération de l’urgence climatique, il était devenu d’autant plus nécessaire de repenser notre modèle et de relocaliser notre activité économique. L’initiative de Laurent était tout à fait en phase avec ça” , raconte Raymond Collet, chargé de mission Economie Sociale et Solidaire dans cette institution. L’association Ferme Urbaine de Clermont-Ferrand, dont l’ancien président du Conseil régional d’Auvergne René Souchon est nommé président d’honneur, a été créée sur des terrains mis à sa disposition sur la côte de Vallières. “Ils avaient été rachetés par la Ville puis l’Agglomération pour un projet de liaison urbaine sud-ouest, qui n’a jusqu’à présent jamais vu le jour. Ils étaient donc disponibles depuis des années. La Métro a embauché Laurent, qui a mis en œuvre le projet”, précise Raymond Collet. L’association a bénéficié d’une subvention d’aide au démarrage et de l’intervention d’une entreprise d’insertion par l’activité économique pour commencer à défricher le terrain. La suite: un énorme travail de Laurent Rohr, de sa compagne Claire et d’une équipe de bénévoles, munie de pelles et de pioches pour terrasser et aménager l’hectare et demi de terrain, dont 6000 m2 sont actuellement cultivés.

À la Ferme Urbaine logent aujourd’hui des poules, des canards, des ânes et des brebis. “Mon combat, c’est un système de polyculture-élevage. C’est la base de notre civilisation, et c’est indispensable pour engraisser et f aire vivre le sol” , explique Laurent, qui après son expérience au Parlement européen s’est formé en maraîchage bio en obtenant un Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) , à Florac, en Lozère. Un marché avec les produits récoltés a lieu sur place tous les mercredis, sur la petite guinguette construite en bas de la ferme. L’occasion pour l’association de générer quelques recettes, mais aussi et surtout de tisser des liens avec les habitants et de créer un événement de quartier. Tous les acteurs du projet le précisent : la production n’est pas anecdotique mais l’objectif principal de la Ferme Urbaine est bel et bien d’être un outil pédagogique au service de la population clermontoise. Et tout particulièrement de la jeunesse. “Pour nous, cette expérimentation, c’est une première. Il y avait déjà quelques expériences de jardins partagés, mais là ce n’est pas la même démarche. Il s’agit d’un lieu de rencontre et d’éducation à l’alimentation, qui permet de ramener la vie rurale dans la ville” , juge Raymond Collet.

UNE VISÉE SOCIALE
A l’entrée des lieux, par la rue du Pavin, une longue rangée de fumier non traité, fraîchement déposé par le Centre national des études supérieures d’ostéopathie animale, attend de venir à son tour fertiliser les sols. Un peu plus haut, le toit de la petite maison en pierre qui sert désormais d’espace de stockage a été refait à neuf avec l’aide de la communauté du Secours populaire, à qui l’association livre une partie de sa production de fruits et légumes. Au cours de ses trois années d’existence, la Ferme Urbaine de Clermont-Ferrand a multiplié les partenariats et échanges ponctuels ou réguliers avec des établissements scolaires et des structures locales à visée sociale: l’école primaire Nestor Perret, la Protection judiciaire de la jeunesse, l’Institut médico-éducatif, l’Union départementale des associations familiales. Cette dernière est même allée un peu plus loin, avec deux séances par semaine sur la ferme et une participation financière, qui permet à l’association de couvrir une bonne partie de ses frais en électricité, carburant et assurances, et donc d’assurer la survie du projet (…)

Cet article est extrait du hors-série spécial Economie Sociale et Solidaire édité par Mag2 Lyon fin 2021. A acheter ici.

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