Une question à 800 millions d’euros. Des enfants de cette figure emblématique du patronat lyonnais, placée sous tutelle, demandent une donation anticipée selon son ex-épouse et sa soeur, inquiètes des conséquences d’une telle requête qui le priverait de son patrimoine. Par Lionel Favrot
Novembre 2024, Vanessa Rousset, ex-femme de Bruno Rousset, le fondateur d’April touché par une dégénérescence cognitive, reproche publiquement à ses enfants de l’avoir non seulement mis sous tutelle renforcée contre son gré mais aussi de le maintenir dans l’isolement social avec un confort de vie très inférieur à ce dont il avait l’habitude.
Début 2025, Mag2Lyon retrace toute cette histoire après avoir obtenu une réaction mesurée des concernés. Par un communiqué d’une quinzaine de lignes, la “famille de Bruno Rousset” estime avoir pris “les mesures de protection et de prise en charge recommandées par le corps médical”, et demande “de respecter leur douleur et leur volonté de discrétion.” Quelques autres media lyonnais vont ensuite aborder cette affaire sensible car Bruno Rousset, par sa carrière d’entrepreneur, est une personnalité publique, mais le dossier semblait être de nouveau tombé dans l’oubli.
Rebondissement juste avant cet été quand deux des co-tuteurs, Loïc et Nicolas Rousset, demandent une donation des actions de la holding Rousset. Ce qui représente 800 millions d’euros qui seraient divisés au profit des six enfants de Bruno Rousset avec une imposition au passage. Pourquoi cette démarche ? Mag2Lyon leur a demandé une réaction sans retour avant le bouclage.
Craignant que Bruno Rousset soit ainsi privé de son patrimoine, sa soeur Brigitte Rousset et son ex-femme Vanessa, ont demandé au juge des tutelles le 18 septembre, de refuser cette donation, d’organiser un débat contradictoire pour désigner un avocat pour Bruno Rousset lui-même, et de nouveau d’assouplir les droits de visite. Une procédure confiée à Me Mélanie Parnot, une avocate de Montpellier spécialiste du régime des tutelles. Contactée par Mag2Lyon, cette experte n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire elle-même mais elle a accepté de donner quelques repères techniques essentiels. “On a souvent une vision caricaturale des tutelles mais ce n’est pas on-off, insiste Me Parnot. Il faut nuancer. On a aujourd’hui des moyens solides d’évaluer l’état d’une personne mise sous tutelle et de déterminer sur quels sujets elle peut donner son consentement. Par exemple des questions de santé ou d’argent.” Question qui se pose précisément dans ce dossier. Les principaux arguments de Brigitte et Vanessa Rousset pour s’y opposer ? Outre la nécessité de consulter Bruno Rousset malgré sa mise sous tutelle, elles rappellent que son régime de tutelle est actuellement déficitaire. C’est-à-dire qu’il vit justement grâce à sa fortune et qu’il n’a pas d’autres revenus couvrant ses dépenses. Du coup, elles craignent que Bruno Rousset ne puisse plus bénéficier du même niveau de vie dans sa demeure du Boulevard des Belges dans le 6e arrondissement. Affaire à suivre.