Le petit institut d’art contemporain n’a plus de directeur(ice) depuis des mois mais réussi à proposer une exposition avec deux pépites artistiques. Deux artistes qui ne se ressemblent pas. L’un est bavard, l’autre silencieux. L’Un souffle le chaud, l’autre le froid, L’un est ying, l’autre yang… mais ils utilisent tous les deux, la technologie de façon totalement maitrisée sans s’en rendre esclave, comme outil de connaissance ou en la prolongeant de manière sensible. C’est la première exposition de Li Yi-Fan, 36 ans, en Europe. Figure montante de la scène contemporaine Taïwanaise, il a récemment été choisi pour représenter Taïwan à la biennale de Venise 2026. Une belle occasion donc de découvrir l’univers grinçant et complexe de l’artiste gamer lui-même avec ses dernières installations vidéos dans quatre espaces différents ou le visiteur se trouve confronté à différentes façons d’être face à l’écran. Li Yi-Fan se joue de l’entrelacement entre réel et virtuel de notre fascination comme de notre saturation face à l’image. Fil rouge un avatar qui relie les différents espaces et se trouve à la fois dans la première vidéo sur le LARP, jeu de rôle d’incarnation, un ballet de danseurs en argiles, dans la deuxième sur les fakes news, traversé par un avatar grotesque et désuet puis une installation en panneaux de carton sur lequel sont projetés par la technique du mapping des éléments de corps monstrueux… La dernière vidéo plus longue explore la technologie de production d’images du jeu vidéo et pousse le logiciel dans ses retranchements à travers une lutte entre l’humain et l’algorithme.

Après ce déchainement d’images et de questionnement sur notre monde devenu numérique, il est apaisant de découvrir les installations méditatives de Chang Yung-Ta. Elles nous parlent de phénomènes cachés ou non perceptibles aux humains, la radioactivité et l’érosion. En temps réels les radiations invisibles sont transformées en signaux visuels sur les écrans ou capteurs lumineux, voire en étrange bourdonnement. Le visiteur est plongé dans un nouveau monde de perception ou une fin du monde… On a apprécié particulièrement son paysage de machines, reproduisant l’érosion de la rivière la plus puissante à Taiwan. Des sortes de tubes à essai géants sorte d’arbres modernes qui déposent de l’acide chlorhydrique sur des cylindres de marbre et creusent des sillons magiques. On repart étrangement apaisés…
In situ, Institut d’art contemporain, jusqu’au 27 juillet du mercredi au vendredi de 14 à 18h, le week-end de 13 à 19 heures.