Deux Lyonnais, Valentin Rolhion et Julien Rebaud, se sont associés en juin 2021 pour créer Les Bienfaits, une marque de compléments alimentaires en spray, fabriqués en France. Ils racontent. Par Maud Guillot
Comment avez-vous créé les Bienfaits ?
Valentin Rolhion et Julien Rebaud : On s’est rencontrés quand on travaillait chez Urgo, à Paris. Valentin avait fait l’EM Lyon, Julien était pharmacien. Mais on avait tous les deux de l’expérience dans le secteur de la santé, du bien-être et des compléments alimentaires. Il y a deux ans, on a décidé de revenir à Lyon pour tenter ensemble cette aventure entrepreneuriale.
Pourquoi se lancer sur ce marché des compléments alimentaires déjà bien occupé ?
Nous sommes tous les deux des consommateurs, passionnés de phytothérapie: mélatonine, citrate, magnésium… Chez Urgo, ils ont un spray sublingual, c’est-à-dire administré sous la langue, pour le sommeil. Mais il s’adresse à un secteur de niche, le voyage et le jet-lag.
Pourquoi les autres laboratoires se contentent-ils de cette niche si le spray est si intéressant ?
C’est un mystère pour nous ! Mais on a tout de même deux éléments de réponse : Ils font beaucoup de chiffre d’affaires sur les gélules et comprimés. Ils peuvent difficilement dire que le spray est mieux sans dénigrer leur gamme leader. Ensuite, il faut admettre que c’est très compliqué à mettre au point.
Combien de temps avez-vous travaillé pour élaborer vos produits ?
Un an et demi. On a rencontré beaucoup de freins. Les façonniers étaient frileux. On s’est entourés d’experts, de diététiciens, naturopathes… Mais on a persévéré car la plus-value pour le patient est évidente pour nous.
Pouvez-vous expliquer cette plus-value ?
La voie sublinguale, c’est-à-dire sous la langue, est reconnue par les professionnels de santé. Elle est utilisée à l’hôpital dans les traitements morphiniques, épileptiques, en voie d’administration d’urgence car on a beaucoup de vaisseaux sanguins dans les muqueuses buccales et le produit ne passe pas par le foie. Du coup, 90 % des actifs passent directement dans le sang, contre 15 à 20 % pour la voie orale classique. L’efficacité est aussi plus rapide. Si on prend le cas de la mélatonine dans les troubles du sommeil, le spray agit en 5 minutes là où les gélules mettent 30 à 40 minutes. La seule meilleure option aurait été le suppositoire mais cela aurait été moins facile à vendre…
Le fait que ce soit plus “pratique”, c’est une approche marketing ?
Pas seulement. Cette praticité permet aussi d’améliorer l’observance, c’est- à-dire le respect du traitement et de sa durée. Avec nos sprays, on la double. En clair, seuls 36 % des patients vont au bout de leur cure avec des gélules contre 72 % avec nos sprays. Ces sprays se transportent facilement. Pas besoin de bouteille d’eau. Les gélules et comprimés ne sont pas adaptés pour les enfants ou les personnes âgées qui peuvent faire des fausses routes.
Quelles sont les indications de vos Bienfaits ?
Le sommeil, le stress, l’immunité, le tonus et la digestion-détox. Ce qui couvre 63 % des demandes en pharmacie. Nos produits sont les plus naturels possibles : pas d’alcool, de sucre ajouté ou d’agent chimique. Ils sont composés d’eau avec de la glycérine végétale, de plantes et de vitamines ainsi que d’un arôme naturel.
Proposez-vous une gamme enfant ?
Pour l’instant non, mais le spray pour le stress peut être utilisé à partir de 3 ans, l’immunité et la digestion à partir de 12 ans, les deux autres à partir de 15 ans. Et on est en train de développer une gamme spécifique qui pourrait être commercialisée en 2023.
Comment sont fabriqués vos produits ?
On développe les formules mais on sous-traite la fabrication. Tout est fabriqué en France, les étuis comme le contenu. On espère même rapatrier la logistique à Lyon car on est très attachés à notre région et on souhaite y créer de l’emploi. Mais certaines plantes ne sont pas cultivées en France. On a imaginé les produire sous serre mais cela va à l’encontre de notre démarche d’éco-responsabilité.
Où sont commercialisés les Bienfaits ?
Dans les pharmacies. On a commencé cette commercialisation début 2022. On est référencé dans 215 pharmacies dont une bonne quarantaine dans la grande région lyonnaise. Être en pharmacie, c’est une garantie de qualité et surtout de conseils.
Mais vous vendez aussi sur votre site, donc sans conseil…
Oui, mais on a refusé par exemple d’être sur Amazon ou les plateformes de ventes en ligne. Notre produit est scientifiquement robuste. Il ne faut pas le décrédibiliser, ou encore faire concurrence aux pharmacies qui sont nos partenaires. Enfin, le complément alimentaire n’est pas un bonbon. Ses effets ne sont pas anodins. On souhaite donc garder le contrôle sur la vente.
Allez-vous développer le réseau des pharmacies en France ?
Oui, on a une vingtaine d’agents commerciaux sur toute la France. On étudie la distribution au niveau international. On espère créer des postes au premier semestre 2023. Pour l’instant, on est hébergés au Village by CA, le dispositif start-up du Crédit Agricole. On a été lauréats du Réseau Entreprendre. On a été bien accompagnés par l’écosystème économique lyonnais.
Quels sont vos objectifs chiffrés ?
Depuis le lancement, notre croissance est constante. On a doublé notre chiffre d’affaires tous les mois. Le laboratoire Mylan a distribué nos produits en juin et juillet. On a passé le cap des 100 000 euros de chiffre d’affaires en septembre. On espère poursuivre sur cette lancée, d’autant que les mois d’hiver sont plutôt favorables. On pense lever des fonds en 2023.
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