Le Marché Gare métamorphosé 


Benjamin Petit, directeur du Marché Gare

Le Marché Gare, en rénovation depuis 2018, va rouvrir en septembre. Cette salle de concert du 2e arrondissement a vu le jour en 2006 dans un des bâtiments autrefois occupés par le marché de gros. Au terme de ces travaux, le public va découvrir une salle principale agrandie de 300 à 400 places et une nouvelle salle format café-concert. Interview du directeur, Benjamin Petit. Par Clotilde Brunet 

Quelles sont les nouveautés ?
Benjamin Petit :
Tout d’abord on passe d’un équipement de 900 m2 à 1 800 m2 ! Auparavant on disposait d’une salle de concert de 300 places et d’un un bar bricolé. La salle principale pourra désormais accueillir 400 personnes. Le Marché Gare reste dans la même catégorie de lieux faits pour l’émergence artistique et les musiques alternatives. C’est ce type de jauge dont on manque à Lyon. De nombreux points ont été améliorés : l’insonorisation, le traitement acoustique, l’aménagement, les matériaux… Le public pourra profiter de deux bars et de quatorze becs de tirage. C’est im- portant pour la rapidité de service. On veut faire du Marché Gare un lieu de vie où le public se sent bien. 

Et le Marché Gare proposera désormais des événements dans une seconde salle !
On a créé une deuxième scène de 100 places, type café-concert. Elle va nous offrir de nouvelles possibilités : répétitions avec un équipement son et lumière de qualité, déjeuners- concerts entre 12h et 14h, concerts en soirée d’artistes locaux qui sortent un album… On souhaite renforcer notre ancrage dans le quartier avec ce Kiosk et attirer des personnes qui travaillent ou habitent ici. Ils ne viendront peut-être pas assister à un concert de post-punk mais ils seront peut-être disposés à découvrir un artiste de la catégorie chanson. On va également redéployer notre programmation jeune public. 

Vous avez décidé de garder le porche, caractéristique de ce bâtiment, ouvert ?
Oui, un food-truck pourra s’installer ici et le public pourra s’attabler, se reposer les oreilles, sortir fumer… La rue Delandine est prolongée sous ce bâtiment-porche. Les voitures (sens unique) et les vélos (double sens) pourront emprunter cette rue. Le Marché Gare retrouve son rôle de desserte du quartier. Symboliquement, ça conforte le rôle de passeur du Marché Gare. Passeur pour les artistes, des petites scènes aux plus grandes; passeur de découvertes pour le public… On a programmé des artistes alternatifs au début de leur carrière qui ont ensuite gagné en renommée. Je pense à Alt-J qui a joué ici puis qui a explosé! 

Les enjeux de la transition écologique ont été pris en compte pour la rénovation de ce bâtiment?
On a en effet beaucoup travaillé avec les architectes sur ces caractéristiques-là. C’est un bâtiment classé basse consommation. Il bénéficie d’une excellente isolation phonique évidemment mais aussi thermique. Il est relié au chauffage ur- bain qui utilise l’énergie générée par la combustion des déchets, compensé par du gaz si nécessaire. Il y a une installation photovoltaïque sur le toit. On a fait en sorte qu’elle puisse être visitée par le public, scolaires, élus… C’est la seule à l’échelle de l’agglomération. 

Vous pouvez nous donner un aperçu de la programmation de la rentrée ?
Oui, le premier trimestre offrira une grande diversité de propositions artistiques! Il y aura des groupes très indé commeTropical Fuck Storm, dont c’est la première date à Lyon. Ils sont très attendus. Ça va être un super concert! Ils font partie d’une niche de post-punk assez singulière. Il y aura un projet de création entre Étienne Jaumet et le groupe Slift. Électro et rock se rencontreront à cette occasion. On retrouvera des artistes de la nouvelle scène comme Terrenoire qu’on a programmé avant leur Victoire de la Musique. On a lancé beaucoup de projets en collaboration, notamment en lien avec les arts numériques, pour l’année 2023. 

Quels styles de musique programmez-vous ?
De la pop, du rock, de la musique indé., de la folk… On a développé un savoir- faire en termes de programmation sur ce qu’on peut appeler de la “sono mondiale”, des musiques hybrides et de nouvelles tendances. On imprime notre patte avec une direction artistique assez reconnaissable. 

Terrenoire ©Pierre-Emmanuel Testard

Pendant les 4 ans de travaux, vous avez programmé “L’Échappée sauvage”…
On a réalisé un petit chelem à l’échelle de l’agglomération. On s’est installé dans environ 50 lieux différents pour des évé- nements. Notre objectif était de conti- nuer à réaliser nos missions: l’accompa- gnement artistique, la diversité culturelle, les actions de territoire…, et de continuer à exister! 4 ans de fermeture, ça signifie qu’on a presque perdu une génération d’artistes et de spectateurs. 

Cette programmation en itinérance vous a permis de resserrer les liens avec d’autres salles ? Absolument ! On a resserré les liens avec Le Sonic, Kraspek Myzik, A Thou Bout d’Chant qui nous ont ac- cueillis. Le Périscope, l’Épicerie Moderne, Bizarre ! avec lesquels on mène un projet de coopération depuis des années ont répondu particulièrement présents. On a découvert de nouveaux partenaires comme l’Opéra Underground, les Subsistances ou Grrrnd Zero à Vaulx-en-Velin… On a pu exprimer la capacité du Marché Gare à naviguer entre différentes eaux, des plus indépendantes et underground jusqu’aux grandes institutions culturelles lyonnaises. En retour, plusieurs partenaires ont accepté notre proposition de carte blanche au Marché Gare. 

Il existe un écosystème musical à Lyon ?
Oui, les labels et les producteurs lyonnais participent à la diversité de la programmation. On accorde une part importante aux acteurs culturels du territoire. On ne peut pas être spécialistes en tout. Si l’on veut atteindre une diversité culturelle, il faut travailler avec des acteurs qui constituent cette diversité-là. 

De quoi vit le Marché Gare ?
Notre budget de fonctionnement est lié à nos recettes de billetterie et à un conventionnement avec la Ville, la Région et l’État dans le cadre du label Scène de musiques actuelles (SMAC) qui nous a été attribué fin 2018. La Ville a augmenté sa participation de 15000 euros par rapport à l’année dernière. Ce nouvel équipement va sup- poser des charges plus importantes! Ce sera compliqué de l’exploiter avec des subventions identiques. Il va falloir que l’on trouve de nouvelles ressources, publiques et privées. 

Vous ne faites pas partie des structures touchées par les baisses de subventions de la Région?
Non, on se réjouit d’avoir vu le soutien régional au Marché Gare conforté. On est quand même préoccupés par cette baisse soudaine des subventions, au- près de beaucoup d’acteurs culturels. On est tout à fait conscients que des économies peuvent être nécessaires. Mais ça pose un vrai problème quand c’est annoncé en cours d’exercice. On espère que cette baisse est exceptionnelle et qu’elle ne sera pas réitérée l’an- née prochaine. 

Combien de salariés êtes-vous ?
Jusqu’à présent on était 4 dont le régisseur, ce qui est très faible pour une salle de 300 places qui accueille une centaine d’évènements par an. À la rentrée, on passe à 7 salariés dont un contrat d’alternance. 

Quelle est la fourchette de prix ? On essaie de ne pas dépasser 22/23 eu- ros pour des concerts comme Terre- noire ou Aloïse Sauvage. Ce sont souvent les dates les moins chères de la tournée de ces artistes. Ce n’est pas pour autant qu’on les paie mal, on essaie d’avoir des schémas de fonctionnement les plus raisonnables possibles. Au Kiosk, les tarifs se situeront entre 5 et 10 euros. On cherche à être très accessible.

Quels sont vos objectifs en termes de fréquentation ?
Avant les travaux, le taux de fréquentation du Marché Gare était assez exceptionnel : entre 75 et 80 %. Ça correspond à 15000 spectateurs par an. C’est génial pour un lieu de découverte. Avec l’élargissement de la jauge, notre objectif est d’atteindre 20 000 spectateurs.

Le Marché Gare pendant les travaux ©Marion Bornaz

DU MARCHÉ DE GROS À LA SALLE DE CONCERT
Historiquement, la MJC Confluence disposait d’une salle de spectacles de 80 places dans ses locaux cours Charlemagne. Le bâtiment de la MJC a été détruit dans le cadre du projet urbain Lyon-Confluence pour laisser place au port de plaisance. La Ville de Lyon et la Métropole ont aménagé une salle de concert dans l’ancien Marché de Gros en 2006. Il était déjà surnommé le Marché Gare car des marchandises étaient acheminées jusqu’ici sur des rails. Le bâtiment des années soixante était dans son jus. La salle de concert a été aménagée grâce à un budget de 600 000 euros, alimenté par la Ville et la Région. La salle a rapidement trouvé sa place dans le paysage des musiques actuelles grâce à des caracté- ristiques particulières dont Lyon avait besoin : une jauge de 300 places, une programma- tion éclectique centrée sur les groupes locaux, l’émergence et les musiques alternatives. Le Marché de Gros a quant à lui déménagé à Corbas en 2009. Cette partie du Marché Gare, restée vacante, s’est rapidement détériorée. En parallèle, la SPL, qui pilote l’aménagement du sud de la Presqu’île, voulait libérer du foncier. Elle a procédé à la destruction des ailes du bâtiment du Marché de Gros dans le but de vendre ces terrains et de construire des projets immobiliers. La fermeture engendrée par ces travaux de démolition était l’occasion de rénover la salle. Il s’agissait au départ d’un projet assez modeste mais la démolition des ailes s’est révélée plus complexe que prévu. La Ville a saisi l’opportunité d’un rallongement des travaux pour améliorer les conditions d’accueil des artistes et du public. Le budget des travaux a augmenté pour atteindre 3,3 millions d’euros, répartis entre la Ville et la Métro- pole. La Région et l’État ont aussi participé aux aménagements. Une rénovation totale du site a donc été lancée. Le Marché Gare va rouvrir métamorphosé, au terme de 4 ans de travaux, en septembre prochain. Dans le cadre de ce nouveau projet, la MJC Confluence a rendu le Marché Gare indépendant. Une nouvelle association a été créée pour porter cet équipement culturel, ce qui permettra un pilotage plus resserré. 

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