Hydrogène : bientôt une usine à Saint-Fons

Après avoir racheté Symbio, pionnier de cette énergie, Michelin et Faurecia visent la première place européenne avec un investissement de 140 millions d’euros dans un nouveau site à Saint-Fons. Objectif : le marché des transports mais aussi le stockage des énergies renouvelables, intermittentes par nature.

 

Diviser par dix le prix de la pile à hydrogène, c’est l’ambition de Michelin. Un des principaux freins à une diffusion plus large de cette technologie, c’est son coût. Aujourd’hui, les rares voitures électriques qui en sont équipées, dépassent les 60 000 € à l’image de la Toyota Mirai, avec une diffusion encore confidentielle. Pourtant, cette technologie a un atout. Elle multiplie par deux ou trois l’autonomie des modèles électriques tout en réduisant spectaculairement leur temps de recharge. À peine 5 minutes au lieu de minimum 30 sur les bornes de charge rapides, encore assez rares et au fond peu écologiques, ou plusieurs heures à un rythme semi-rapide ou normal. Mais ce n’est pas tout : cette technologie ne rejette pas de CO2. Les véhicules à hydrogène rejettent de l’eau. Du coup, dès qu’ils seront commercialisés à un prix plus accessible, ils auront la même souplesse que les diesels actuels mais sans la pollution.

Ce qui est performant pour l’automobile, peut l’être aussi pour les vélos, les camions, les bus, les bateaux… Des expérimentations sont déjà en cours, notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais Michelin voit au-delà des transports. En effet, l’hydrogène peut également être une réponse au caractère intermittent des énergies renouvelables, le solaire ou l’éolien, qui produisent de l’électricité quand les conditions météorologiques sont favorables sans qu’on puisse la stocker. Cette technologie peut donc être aussi utile dans l’industrie, la chimie ou le chauffage urbain. “C’est une des rares technologies favorisant une souveraineté industrielle et énergétique pour l’Europe”, a affirmé Florent Menegaux, président de Michelin, en annonçant cette usine. Il ajoute “qu’une part significative de l’activité de son groupe sera réalisée en dehors des pneumatiques.”

140 MILLIONS D’EUROS

L’engagement d’un grand groupe après que des start-up ont mis au point plusieurs modèles comme Symbio qui a fait rouler des Renault Kangoo et Master à l’hydrogène, est un signe. Michelin lui-même a lancé en juin 2020, avec Symbio, la Mission H24 pour participer dans quatre ans aux 24 heures du Mans en catégorie LMP (Le Mans Prototype). Ce qui suppose des piles à hydrogène de forte puissance. C’est bien sûr Michelin qui fournira les pneumatiques L’innovation de cette entreprise est d’avoir mis au point un véritable système hydrogène sous forme de kit que Michelin a jugé facile à intégrer aux véhicules et facilement industrialisables.

Cela s’inscrit dans un plan national lancé par Barbara Pompili et Bruno Le Maire, ministre de l’écologie et de l’économie.

“Une étape très importante pour le développement d’une filière hydrogène française d’excellence”, a déclaré Florent Menegaux, président de Michelin en précisant que son groupe s’intéressait à cette technologie depuis une quinzaine d’années.

Ce dernier a donc confié une direction dédiée à Fabio Ferrari, fondateur de Symbio, qui sera en charge d’établir la stratégie pour déployer cette technologie. Et Philippe Rosier, ancien dirigeant de Solvay Energy et d’Orbeo, lui a succédé à la tête de Symbio depuis septembre 2020.

Etape décisive : la construction d’une usine à Saint-Fons financée avec Faurecia, qui a repris Symbio à parts égales avec Michelin. Un investissement de 140 millions d’euros. 400 personnes devraient être employés sur ce site pour un total de 1 000 salariés du groupe dédiés à l’hydrogène dans la région Auvergne-Rhône-Alpes d’ici 2025 selon la direction du groupe. 

Avec ce premier site de production européen, Michelin veut devenir l’un des leaders mondiaux des systèmes à hydrogène. Objectif : un chiffre d’affaires d’environ 1,5 milliard d’euros d’ici à 2030. Reste encore à développer les stations de recharge hydrogène. Michelin s’est engagé aux côtés de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et du groupe Engie dans la “Zero Emission Valley” pour obtenir là aussi une place de leader européen avec, d’ici 2023, vingt stations et 1 200 véhicules hydrogènes pour les professionnels. Le groupe international basé à Clermont-Ferrand, est actionnaire de la société Hympulsion, créée en février 2019 pour installer ces 20 stations. La Région concentre même 80 % des acteurs français de l’hydrogène.

Article publié dans le numéro 3 du Guide Développement Durable de Mag2Lyon, disponible à la commande sur ce site : www.mag2lyon.fr/produit/hors-serie-developpement-durable-2021/

Et en version numérique sur www.journaux.fr

 

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